Les Cœur’Elles en action

C’est l’aventure de quatre sœurs qui ont réalisé en février 2022, le « Trek Maroc Elles Marchent ». Rencontre avec Delphine Coffineau (l’une des trekkeuses) et Bertille Triau-Bétaré (leur préparatrice physique), à la suite de la remise de chèque à la Fondation de l’Hôpital de Clocheville.

Comment vous est venue cette idée de réaliser un trek dans le désert marocain ?

DC : Une copine m’a parlé de ce trek en 2021. Je me suis renseignée puis je me suis dis que ça avait l’air super sympa, donc j’ai embarqué mes sœurs dans l’aventure. Au total, on était 50 équipes de quatre femmes, soit un total 200 sportives dans le désert au milieu de nulle part. Et pour complexifier le défi, je me suis dit qu’on pouvait marcher pour une bonne cause.

Pourquoi marcher pour la Fondation de l’Hôpital de Clocheville de Tours ?

DC : Mes sœurs travaillent dans le milieu médical, donc naturellement on a choisi l’Hôpital de Clocheville et plus particulièrement pour le service réanimation pédiatrique. J’ai cherché une marraine pour nous soutenir dans cette aventure. On a réfléchi et j’ai contacté Bertille Triau-Bétaré, ancienne joueuse professionnelle de handball et coach sportive.

Que symbolise la remise de chèque à la Fondation de l’Hôpital de Clocheville ?

DC : C’était le 21 octobre dernier. Ça n’a pas été forcément évident, on savait que ça allait être difficile de trouver des partenaires, les mobiliser, les solliciter, les relancer…

B.TB : Elles se sont démenées du début jusqu’à la fin parce que ça demande énormément d’énergie. Il faut rappeler, démarcher, renvoyer des mails en continu. Mais elles n’ont franchement rien lâché. Moi je leur tire mon chapeau parce que ce n’était pas simple de créer des actions pour faire connaître leur projet. Réussir à donner envie et à impliquer des personnes qui n’ont rien demandé, c’est l’étape la plus difficile. La somme de 6000 € qui a été récoltée est honorable, parce que ce n’était gagné !

Bertille, quel a été votre rôle pour ce trek ?

B.TB : C’était de les préparer au mieux physiquement, mais aussi mentalement ! Mes objectifs étaient clairs, je souhaitais les stimuler et les motiver. À l’aide de mots et d’énergie, j’ai pu leur prodiguer des conseils à la fois sportifs et alimentaires. Elles faisaient déjà des bonnes marches, mais mon rôle était de les maintenir toujours en état, de faire des bilans réguliers durant leurs préparations. Moralement, dans la préparation des treks, il peut avoir des périodes de doutes puisque l’échéance est dans plusieurs mois, il est difficile de garder sa motivation. Dans ces moments-là, on peut se trouver toutes sortes d’excuses (la météo, la fatigue, l’envie…), mais elles n’ont jamais eu cette mentalité, elles ont eu cette envie et elles ne se donnaient aucune excuse.  J’étais présente pour toujours maintenir le contact, une motivation et puis surtout leur dire « Vous êtes capables ! », pour qu’elles n’aient pas de moments de doute. Surtout que l’on a dû s’entraîner parfois à distance.

« Un projet familial et sportif à la fois »

Qu’est ce qui vous a convaincu d’accepter leur demande ?

BTB : Le projet m’a tout de suite plu, premièrement parce que c’est un projet familial. Ensuite, c’est le défi de quatre femmes. Quand Delphine m’en a parlé, je n’ai pas trop réfléchi, c’était un projet sportif et surtout pour une bonne cause ! Je me disais que c’était un défi tellement difficile que pour moi aussi, qui suis une femme de challenge, ça serait intéressant personnellement. Je retrouvais toutes les valeurs que je défends, à la fois le sport mais aussi le dépassement de soi, le partage, l’entraide, la solidarité.

Est-ce qu’il y avait une grosse différence sportive entre vous ?

DC : J’ai une sœur qui n’est pas trop sportive. Ma belle-sœur marche régulièrement à un bon rythme, et pour finir mon autre sœur et moi on a la même cadence. On marche beaucoup, je fais des séances de sport et je cours. Comme le disait Bertille, c’était un défi, on se retrouvait une fois par mois parce que nous habitons à plusieurs heures les unes des autres (Orléans, Bourges et Auxerre). On allait marcher ensemble et après chacune allait courir, faire du vélo de son côté pour compléter notre préparation. Il y a eu quasiment un an de préparation, et des doutes quelques jours avant de partir : « Est-ce que je vais être capable ? »

BTB : Elles ont été sérieuses du début à la fin, donc je n’ai pas ressenti de grandes différences sportives. L’assiduité et la volonté dont elles ont fait preuve montre que tout est dans la tête et la motivation.

Combien de temps a duré l’aventure ?

DC : On a marché quatre jours puis le 5^ème jour on a fait une journée solidarité dans un petit village marocain. C’était un échange de culture exceptionnel. Le 6^ème jour, on est arrivées dans un hôtel avant la soirée de gala prévue par les organisateurs pour la clôture du trek. Le 7^ème jour, nous avons décollé vers la France.

« Il ne faut pas se mettre de barrières  »

Comment avez-vous vécu ce trek ?

DC : On est parties dans un contexte où on était loin de notre famille, on savait que marcher quatre jours d’affilée dans le désert avec une météo aléatoire allait être difficile, mais il y avait une telle force de la part des organisateurs et aussi des autres participantes, un bon état d’esprit, ce n’était pas de la concurrence, on vivait toutes la même chose et elles savaient te rebooster. Tout le monde voulait réussir à se surpasser, donc naturellement il y a cette cohésion, ce partage et ça nous porte. On se levait toutes à 6h, on faisait 30 bornes par jour dans le désert, on était épuisées et on dormait à 2°C ! Parfois on n’avait pas forcément envie de se lever, on se levait avec des courbatures partout et puis en fait on se dit : « On est toutes pareilles », donc on oublie. Je dis souvent que c’est comme un accouchement. Une fois que tu y arrives, tu oublies toutes les douleurs parce que l’après est tellement positif.

BTB : Leur objectif était simple, partir à quatre et revenir à quatre. Ce n’était pas évident, mais c’est réussi !

Quelle est la conclusion de cette aventure ?

DC : Une belle aventure, de belles rencontres avec de pleins de personnes différentes : organisation, participantes, habitants… Avec d’autres trekkeuses, on a gardé contact et je suis allée faire un nouveau trek dans les Pyrénées-Orientales au mois de juin dernier. Je dirai que le sport fédère entre passionnées.

À lire aussi : Sorana Cirstea : « Il vaut mieux être belle et top 20 que moche et numéro une mondiale »

Quelle sera la prochaine étape ? Une envie particulière ?

DC : L’année prochaine, nous pensons faire un trek en France avec mes sœurs. Le Maroc, j’aimerais bien le refaire, mais peut-être que je testerai sous une autre forme. Je ne suis pas une compétitrice comme Bertille mais j’aime le challenge. Il faut juste d’avoir envie et de se donner les moyens. J’ai cette envie de faire mieux !

Quel message souhaitez-vous partager aux femmes ou hommes qui souhaiteraient se lancer dans ce genre aventure ?

DC : Qu’il ne faut pas se mettre de barrières ! On a une force en nous que l’on n’imagine même pas. On est capable de faire beaucoup de choses dans la difficulté. Quand la tête dit « On y va », le corps suit, on met un pied devant l’autre et on ne lâche pas !

BTB : Pour avancer dans la vie il faut se donner des objectifs, ça permet d’aller de l’avant. Une fois qu’on les a atteints, on est tellement contente et fière. Ça peut faire peur ,mais avec des défis raisonnables et mesurés, tout est réalisable.

Pour en savoir plus : lescoeurelles@gmail.com

Propos recueillis par Lauriane Kieller

À lire aussi : Trek’In Gazelles : top chrono pour les trekkeuses de l’OSCI