Marie Bochet : Pékin a donné une autre dimension à sa carrière
Aux championnats de France de Montgenèvre, Marie Bochet effectue ses derniers passages de porte pour la saison 2022. De retour de Pékin depuis une dizaine de jours, la skieuse de la FDJ Sport Factory se livre sur le bilan de ses derniers Jeux paralympiques, sa potentielle fin de carrière et son envie de rester dans le milieu le jour où elle rangera définitivement les skis.
Avec le recul, les larmes et la frustration ont laissé place à la joie et à la prise de conscience. Marie Bochet revient de Chine avec « un bilan plutôt positif » et « une belle médaille d’argent ». Une première pour la skieuse qui n’avait réalisé jusque-là que des quadruplés dorés à Sotchi et à Pyeongchang. « Pour moi, ce jour-là, la médaille d’argent a eu la saveur de la victoire. C’était le lendemain de la descente[1], alors sur le Super-G je voulais faire quelque chose de beau. J’ai vraiment très bien skié donc je suis allée la chercher avec la manière », raconte la Française.
Ses multiples déconvenues[2] sur les autres disciplines, l’ambassadrice de la FDJ Sport Factory arrive même à ironiser dessus : « J’aurais aimé revenir avec plusieurs médailles, même si une seule, c’est plus simple à transporter (rires) ! » Et pour cause, « là-bas, j’ai découvert qu’il y avait d’autres choses, peut-être même plus précieuses que des médailles », explique-t-elle. Ces autres choses ? « Des témoignages très bienveillants, des marques de respect des concurrentes et des autres équipes », détaille la Savoyarde.
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« Ces derniers Jeux sont peut-être ceux qui ont donné de la valeur à tout le reste »
En dépit de ces ratés, les nombreuses marques de soutien ont permis à Marie Bochet de prendre conscience de la dimension de sa carrière, mais aussi de son engagement pour le handisport. « À la fin de ces Jeux, je me suis dit qu’en fait, faire quatre médailles d’or en une édition ce n’est pas le hasard. J’ai eu de la chance mais aussi une telle maîtrise dans ma carrière que j’ai un palmarès de dingue. Ces derniers Jeux sont peut-être ceux qui ont donné de la valeur à tout le reste », se livre l’athlète aux neuf médailles paralympiques. Plutôt humble, elle se montre gênée au moment d’évoquer sa place dans le monde sportif : « On me disait souvent qu’il y avait plus que des médailles dans ma carrière, que j’étais plus qu’une sportive, que j’étais aussi porte-parole d’un mouvement. Ce sont des choses que j’avais du mal à accepter. »
Mais Pékin a changé sa vision. « J’ai compris que je comptais pour mes concurrentes, qui étaient déçues et venaient me consoler, mais aussi pour les autres équipes qui ont vanté mon ski sur le Super-G. J’ai pris conscience que j’avais une place dans ce milieu-là. Et même dans mon équipe, ce que j’ai partagé avec les garçons et les athlètes de l’équipe de France, le fait d’avoir ce rôle de grande sœur, c’était vraiment chouette. »
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« Milan en tant qu’athlète, c’est sûr que ça ne me concerne plus, mais les championnats du monde d’Åre me font un peu de l’œil. »
En finir avec les Jeux paralympiques en Chine était le bon moment. Et Marie Bochet ne regrette pas sa décision. « La façon dont ça s’est déroulé, ça m’a confirmé que ces Jeux étaient les derniers. Ce sont des décisions qui ne sont jamais faciles à prendre, ni à verbaliser. Ce sont des événements forts avec des émotions intenses, alors on se demande dans quoi d’autre on pourrait les vivre. Mais j’ai été débordée, je ne suis plus capable de supporter tout ça. Je me suis sentie très vivante sur ces Jeux-là, mais ça m’a coûté beaucoup d’énergie et j’ai désormais envie de mettre cette énergie ailleurs », précise la skieuse.
De là à lui faire ranger pour de bon les skis ? Pas sûr, pas encore… « Là, j’ai du mal à me dire que c’était vraiment la fin, donc je n’ai pas voulu fermer cette porte aux Jeux. Milan (les prochains Jeux Paralympiques en 2026, NDLR) en tant qu’athlète, c’est sûr que ça ne me concerne plus, mais les championnats du monde d’Åre (en Suède, en 2023, NDLR) me font un peu de l’œil », s’amuse à dire Marie Bochet. La Française, également membre de la commission des athlètes de Paris 2024, va mûrir sa réflexion après des vacances bien méritées et des discussions avec son équipe et ses partenaires. Mais quoi qu’il arrive, « j’aurais du mal à être totalement éloignée de ce milieu-là et à me dire que je ne serai pas près des garçons en Italie », conclut la grande sœur tricolore.
[1] Marie Bochet a déchaussé dès la deuxième porte de l’épreuve de la descente et a dû abandonner.
[2] Marie Bochet a terminé 5ème du super-combiné, 4ème du géant et a chuté dans la seconde manche du slalom.
Crédit photo : CNOSF / KMSP
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