Interview Marie Lachat Fondatrice Marque Alors Ose
À la rencontre des sportives

Marie Lachat : la couture et l’acceptation de soi plutôt que le burn out

Mejdaline Mhiri
03.12.2022

En octobre, Marie Lachat a lancé sa marque Alors Ose. Au cœur du concept, des t-shirts brodés par la gardienne de but avec des messages bienveillants liés à l’acceptation de son corps. Des vidéos autour de la confiance en soi sont au programme sur les réseaux. À 25 ans, l’athlète de haut niveau a trouvé dans la couture un véritable exutoire. 

Dans le jeu à sept, on connaissait les prises de paroles et la box valorisant l’entreprenariat féminin d’Estelle Nze-Minko (Györ, Hongrie), le podcast Handpapers axé sur le sport au féminin de Melvine Deba (Chambray D1), ou encore l’engagement d’Amina Tounkara (Noisy-le-Grand D2) sur l’égalité des chances, via son association Hand’Joy. Sans compter celui d’Astride N’Gouan (Paris 92 D1), ambassadrice de Fight for dignity. À travers son projet Alors Ose, Marie Lachat rejoint la liste des handballeuses qui se positionnent. Pour Les Sportives, la portière de la Stella Saint-Maur (D2) raconte son cheminement. 

Quelles sont les valeurs d’Alors Ose ? 

On est une marque inclusive qui veut en découdre avec les complexes. Alors Ose ce sont des t-shirts que je brode avec des messages de confiance en soi. Il y a par exemple « S’aimer d’abord », « À la beauté de nos corps » ou bien « I need wine, not men ». Il s’agit de donner de la force à la personne qui les porte. Il y a aussi des vidéos prévues avec des femmes inspirantes. Récemment, j’ai fait un live sur Instagram avec Axelle Bideault (Incarne ta vie), coach de vie, avec qui j’ai travaillé personnellement il y a un an. Avec Axelle et Mathilde Plotton, l’une de mes coéquipières à Saint-Maur, on va réaliser des vidéos autour de la condition féminine dans la société, notamment autour de sujets tabous comme les poils. Je voudrais donner régulièrement la parole à des sportives. Je tiens à préciser que je n’aurais pas pu faire tout cela sans l’aide de deux amies, Léa et Anaïs, co-gérantes de l’agence de communication l’Inattendu. 

Concrètement, à quoi ressemblent vos créations ? 

Deux types de t-shirts sont proposés, parce que je n’avais pas envie de les genrer. Il y a un style plutôt loose ou bien cintré, pour que l’on puisse décider si l’on préfère un modèle près du corps ou pas. J’avais envie de toucher un maximum de monde, sans que personne ne se retrouve sur le carreau à ne pas rentrer dans les modèles. 

Sur les dessins brodés, les vergetures des personnages sont en doré. Mes vergetures m’ont longtemps complexées mais en les aimant davantage, j’ai appris à les accepter. 

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Est-ce-que cest possible de faire du made in France quand on lance sa marque ? 

Malheureusement, cela coûte cher pour l’instant. Mais ça ne m’a pas empêchée de faire attention au choix de la matière première. J’ai sélectionné des t-shirts en coton bio qui ont reçu une série de certifications, sur les salaires des ouvriers et ouvrières, sur l’absence de produits toxiques ou de tests sur les animaux par exemple. 

Comment en êtes-vous arrivée à l’envie de broder ? 

Dans un précédent club, je suis passée par des moments difficiles. J’étais en rupture avec le staff. Du coup, j’ai eu besoin de faire autre chose que le hand, sinon j’allais m’enfoncer dans une véritable dépression. Grâce à la couture, j’ai évité un burn out. Depuis toute petite, je suis quelqu’un de très manuelle. Quand j’allais chez ma grand-mère, je brodais. Je ne suis pas patiente mais je me suis dit que ça me calmerait en sortant de l’entraînement ! C’est parti comme ça. J’ai pris ma trottinette et je suis allée acheter mon premier kit de broderie. J’ai adoré ! 

Plus jeune, je ne m’autorisais à sortir qu’avec des sportifs parce que je me disais que les autres me trouveraient trop musclée, trop grosse.

 

Pourquoi lacceptation de soi est-elle au cœur de vos préoccupations ? 

Lorsque j’ai commencé à broder, je me posais beaucoup de questions. Pourquoi y a-t-il des inégalités hommes/femmes ? Pourquoi sommes-nous dans une société où il y a tant de standards de beauté ? Quand j’ai quitté le club de hand où je ne trouvais plus ma place, ça m’a libéré du temps, de la charge mentale. Je pouvais prendre soin de ma mère qui est malade et bosser sur mon projet. J’ai fini par m’isoler trois semaines dans une caravane pour aller au bout de mes idées.

Vos messages portent sur l’acceptation de soi mais généralement, les sportives n’ont pas de kilos en trop…

On voit les sportives avec des corps qui vont bien mais, pour bon nombre d’entre nous, ce n’est pas ce que nous ressentons. Accepter mon corps musclé a été long. Quand je suis rentrée dans le hand, à 13 ans, j’étais plus grande que tout le monde. Du coup, on me surnommait « La Tour Eiffel ». Mon corps l’a imprégné. J’ai longtemps été voûtée. J’ai eu un déclic il y a un an et demi et j’ai pris trois centimètres, juste en me redressant ! Plus jeune, je ne m’autorisais à sortir qu’avec des sportifs parce que je me disais que les autres me trouveraient trop musclée, trop grosse. 

Propos recueillis par Mejdaline Mhiri

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Mejdaline Mhiri
03.12.2022

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