Mondial de basket-ball – Sandrine Gruda : « Avec tous les aléas, je suis très contente du chemin parcouru »
Alors que l’équipe de France est actuellement en Australie et s’apprête à jouer son quart de final du Mondial 2022 de basket-ball, Sandrine Gruda, capitaine des Bleues, est restée sur la touche. Blessée au mollet, elle contribue autrement à faire rayonner le collectif tricolore. La nouvelle consultante BeIN SPORTS raconte sa mission et partage son regard sur ce début de compétition.
Les Sportives : Vous êtes blessée au mollet, vous ne pouvez pas fouler les terrains de basket-ball pour ce Mondial ni assumer votre rôle de capitaine. Comment vivez-vous cette situation ?
Sandrine Gruda : Au moment où je me blesse, je le vis très mal. Je suis triste, déçue, désemparée. Je n’ai aucun contrôle de la situation. Je suis capitaine, je me suis investie physiquement et émotionnellement dans la préparation pour rejoindre les Bleues. Il m’a fallu une semaine pour pouvoir me dire : « Écoute Sandrine, la situation est ce qu’elle est. Il faut se soigner pour revenir en forme. » Je me suis blessée le 29 août. Aujourd’hui, je le vis très bien. Je suis contente de ne pas être allée à la Coupe du monde car mon mollet n’était pas prêt. Mais surtout de voir que le groupe évolue bien. On est sorties des poules : mission accomplie ! À nous d’assurer sur le quart de finale.
Avez-vous un rôle en arrière plan dans le groupe ?
Non, il ne faut pas. C’est ma vision. Je suis toujours là en off, que ce soit pour les filles ou le staff car ils me contactent. Mais quand un groupe est formé, il faut le laisser évoluer.
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Vous avez rejoint les plateaux de BeIN SPORTS en tant que consultante lors des matchs de l’équipe de France. Appréciez-vous ce nouveau rôle ? Qu’avez-vous l’impression d’apporter aux téléspectateurs et téléspectatrices qui vous regardent et vous écoutent ?
J’aime beaucoup être dans l’analyse. J’aime profondément le basketball. Je regarde plein de matchs, que ce soit en Europe ou en NBA. Je pense que j’apporte un autre regard aux téléspectateurs. D’ailleurs, je reçois des messages sur les réseaux sociaux qui me le confirment. Cela me permet de rester près de la compétition.
Quel regard portez-vous sur ce début de compétition et le collectif ?
Pour moi, on a fait un début de compétition très satisfaisant. Déjà en battant l’Australie en lever de rideaux. Malheureusement, on perd la Serbie sur ce dernier match ce qui aurait pu nous garantir une deuxième place dans la poule. J’aime beaucoup ce que je vois. On a bien évolué. On change de coach au cours de la saison. On fait un premier regroupement en novembre. Des débuts mitigés. Deuxième regroupement en février, qualificatif pour le mondial. On se qualifie, pas de la meilleure des façons mais on se qualifie, et là on a eu le temps. Un mois pour pouvoir préparer cette compétition, bien comprendre le coach et ses attentes, créer du relationnel.
Il y a une belle âme dans cette équipe. Sur le terrain, on est montées en puissance lors de la compétition, c’est essentiel car nous ne sommes pas des produits finis. Il faut que chacune trouve sa place ; créer une hiérarchie et la respecter. Ca se vit et ca se façonne sur le terrain. Il y a aussi des filles qui ont quitté le groupe pour cause de blessures, et des arrivées tardives comme Iliana Rupert qui est arrivée deux jours avant le début du mondial. Avec tous les aléas, je suis très contente du chemin parcouru.
Comment appréhendez-vous le match de demain contre la Chine ?
De façon très objective, nous ne sommes pas favorites, que ce soit sur le papier ou le terrain. Il faut regarder les statistiques, je n’invente rien. Maintenant, nous sommes une équipe jeune, on en veut. On a vécu deux défaites, cela génère un sentiment de revanche. Il y a des énergies négatives mais bénéfiques pour pouvoir se transcender, de l’orgueil. Lorsqu’on vit une défaite, on a envie de faire mieux la prochaine fois. On vient de perdre contre la Serbie, on aura envie de faire mieux contre la Chine. Après, je ne parle pas de résultat. Si on gagne c’est tant mieux, mais quand on est sportive de haut niveau, le résultat est secondaire. On a un objectif et après il y a le résultat. Mais ce qui est important pour nous c’est le processus, les moyens pour arriver à cet objectif. Et là je pense qu’elles vont vraiment vouloir tout donner. Elles ne sont pas favorites et tout le monde le sait. Je pense sincèrement qu’on va assister à un beau match.
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L’équipe de France a commis beaucoup d’erreurs au rebond face à la Serbie. C’est un point fort pour les Chinoises. Est-ce vraiment le secteur de jeu où il va falloir appuyer demain ?
Oui, clairement. Il faut prendre des rebonds. Il faut verrouiller, que nos grandes prennent plus de rebonds. C’est une action décisive au basket. Le rebond offensif donne plus d’opportunités de marquer des paniers. Grâce au rebond défensif on prive l’adversaire d’une deuxième, d’une troisième ou d’une quatrième chance. Et cela nous permet derrière de trouver l’élément de jeu qui nous caractérise : le jeu rapide. Le rebond, c’est parfois moins mis en avant que les points mais c’est tout aussi important. Pour la Chine, il y a deux grandes tours dans la raquette. Il va falloir les garder en dehors de la zone du rebond.
Vous êtes désormais de retour en France au sein de l’ASVEL, après avoir passé plusieurs années à l’étranger et en NBA. À 35 ans, est-ce que ce retour en France et ces apparitions télévisuelles s’inscrivent dans votre préparation pour l’après basket-ball ?
C’est vrai que mon retour en France est clairement lié à ma volonté de vouloir boucler une boucle. Je sais à quel moment j’ai envie d’arrêter le basketball. J’ai commencé ma carrière professionnelle en France et je veux l’arrêter en France pour me rapprocher des Français qui m’ont porté dans cette carrière. Je n’ai pas eu ces succès seule. Il y a des gens derrière et je pense que parfois on sous-estime un public. Je veux redonner en revenant en France et peut-être travailler cette après carrière même si ce n’est pas mon objectif premier.
Je ne reviens pas en France pour un tour médiatique et donner des goodies [rire]. Mes objectifs ne sont pas amoindris. Je suis une compétitrice avant tout. Je veux pouvoir permettre à un club d’en profiter, en toute humilité. De pouvoir donner à ce club mon expérience et contribuer à la réussite d’un club très ambitieux. Pour Tony (NDLR, Tony Parker est président et actionnaire majoritaire de l’ASVEL), l’objectif c’est de gagner l’Euroligue. Je veux apporter ma pierre à l’édifice.
Crédit photo : ©Fédération Française de Basket-Ball
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