Lors de Sportel Awards, Nathalie Péchalat, présidente de la Fédération française des sports de glace (FFSG) et membre du Jury de l’événement, est revenue sur la genèse de sa prise de poste en mars dernier. Poussée par la folie, guidée par l’envie, cette dirigeante du sport français compte bien faire passer l’éthique et la compétence avant tout car, pour elle, « l’essentiel est de sauver une instance, pas de sauver sa place. »
Le 14 mars 2020, Nathalie Péchalat a été élue à la présidence de la Fédération française des sports de glace. Suite à la démission de Didier Gailhaguet, qui avait occupé ce poste durant 19 des 22 dernières années, l’élection a vu la double championne d’Europe de danse-sur-glace 2011 et 2012 devenir la 13e présidente de la fédération depuis 1941, la première femme. Médaillée de bronze des championnats du monde 2012 et 2014 avec Fabian Bourzat, son partenaire de toujours sur la glace, quintuple championne de France, Nathalie Péchalat est aujourd’hui la seule femme présidente d’une fédération olympique en France.
« C’était une folie » commence Nathalie Pechalat en riant. En effet, tout a été très soudain pour la jeune femme de 37 ans. « Je n’ai jamais anticipé de me présenter comme candidate, confie-t-elle, en fait tout a été très rapide et brutal. Ca a commencé quand Didier Gailhaguet a démissionné. De là, je savais que j’avais 5 semaines devant moi pour prendre une décision. Instinctivement, je me suis rapprochée des présidents de clubs et des ligues que je connaissais afin de recueillir leur avis, la tendance, leur vision des choses et surtout leur ressenti. Au bout de quelques jours, je me suis rendu compte que je prenais vraiment beaucoup à coeur l’avenir de la fédération. Par conséquent, soit il fallait que je me lance, soit je n’y allais pas mais je savais que je le regretterais plus tard. »
Nathalie Péchalat a donc saisi sa chance. « Je l’ai vu comme une opportunité d’entrer dans le système pour pouvoir le changer. Je ne me suis pas posé la question de la légitimité, ni la barrière d’être une femme, puisque j’étais à la commission des athlètes du CNOSF et j’ai eu une belle carrière sportive. A la fin de ma carrière, je suis également restée très active dans le milieu sportif. » Pourtant, certains doutes demeuraient : « Il est vrai que je me suis demandé si j’avais les épaules pour devenir présidente d’une telle institution. Mais l’envie était plus importante que les doutes. »
« Le mouvement sportif est obligé d’être amené à évoluer. »
Une profonde envie de faire bouger les lignes
A son arrivée à la fédération, les portes étaient closes. Forcément, c’était le confinement. « Dès mon arrivée deux jours après c’était le confinement dû à la pandémie du COVID-19. Entre la crise sanitaire et la crise éthique, les sujets n’ont pas manqué et les axes de travail, les priorités, se sont rapidement dessinés. »
D’une fédération à une autre tout est très différent et Nathalie, observatrice, est confortée dans sa ligne directrice : l’éthique. « Le mouvement sportif est obligé d’être amené à évoluer. Surtout dans ce contexte et avec ce genre d’actualité. On est dans un tournant, le monde est en train de changer : par exemple les équipes deviennent de plus en plus mixtes, hommes et femmes, des élus plus âgés comme des jeunes motivés. C’est ce qui m’intéresse le plus dans le bureau exécutif de la fédération, c’est que nous sommes tous très différents et il y a de l’écoute. »
Un esprit collectif qui lui a donné l’envie de réellement s’investir. « Avant je travaillais un peu seule, aujourd’hui je travaille au côté d’une vraie équipe. Et ça permet de se sentir plus forte. »
Et qu’elle équipe puisqu’elle est constituée essentiellement de femmes, du poste de DTN jusqu’aux postes au sein du bureau directeur de la FFSG. « Les trois postes importants de la fédération sont tenus par des femmes. Nous avons 87% de licenciées féminines à la fédération. Nous sommes un peu à part. Donc forcément la question de la médiatisation du sport féminin, ou de la féminisation de notre fédération, ce n’est pas une problématique. Nous essayons plutôt de promouvoir nos sports masculins. Même dans nos instances on se rend compte que c’est presque un souci, il y a beaucoup de femmes. Finalement, ça me pose presque un problème d’éthique et la crainte qu’il me soit demandé un jour « mais Nathalie les hommes ils sont où ?», alors que je ne suis pas du tout féministe. Je ne suis pas pour les quotas non plus, même à l’inverse quand il s’agit de recruter des hommes. Je suis pour la compétence. Et dans le contexte actuel l’essentiel est de sauver une instance, pas de sauver sa place. »
Propos recueillis par Aurélie Bresson
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ?
Proposez une correction à notre rédaction.
Vous avez aimé cet article ?
Retrouvez tous nos articles de fond dans le magazine
S’abonner au magazine