Orlann Ombissa-Dzangue, championne à grande vitesse
« J’avais juste fait un peu de basket et de natation mais j’étais loin d’être une grande sportive. On s’amusait, ça n’était pas de vrais entrainements »
La carrière sportive d’Orlann Ombissa-Dzangue est pour le moins atypique. Faite de hasard et de changements de cap, elle pourrait bien mener la médaillée d’or avec le relais 4×100 mètres aux Championnats d’Europe par équipes en 2019 jusqu’à Tokyo cet été.
Si l’on met de côté les quelques cross bouclés à l’école primaire, Orlann Ombissa-Dzangue commence réellement l’athlétisme tard, à l’âge à 17 ans. Par hasard autant que par nécessité. À la maison, on lui demande de rentrer à 18h10 pétantes, les cours du lycée finissant à 18h. Il faut croire qu’à Sens, dans l’Yonne, on a de bonnes raisons pour ne pas laisser les jeunes dans la nature. Pour gagner une heure de convivialité supplémentaire, en toute sécurité et avec l’approbation parentale, le groupe d’ami·e·s auquel appartient Orlann Ombissa-Dzangue décide de s’inscrire au club d’athlétisme local. Nous sommes en novembre 2007. « J’avais juste fait un peu de basket et de natation mais j’étais loin d’être une grande sportive. On s’amusait, ça n’était pas de vrais entrainements », raconte la future championne
« Tout s’enchaîne jusqu’au jour où, sur un coup de tête, je décide de tout arrêter. »
Quatre mois plus tard, elle participe à sa première compétition régionale et, à sa plus grande surprise, signe un temps sur 60 mètres la qualifiant pour les Championnats de France. Elle finira deuxième, avant de réaliser une saison estivale exemplaire sur la distance reine, le 100 mètres : elle est sacrée championne de France cadette puis surclassée en junior pour participer aux Championnats du monde. La sprinteuse intègre l’année suivante le pôle Espoirs de Lyon puis l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep). « Tout s’enchaîne jusqu’au jour où, sur un coup de tête, je décide de tout arrêter », explique la championne. La motivation a disparu. Commence alors une vie « normale », faite de petits boulots chez des grandes marques de sport (Adidas, Nike), d’intérim et marquée par la naissance d’un petit garçon en 2013. À ses heures perdues devant la télévision, Orlann Ombissa-Dzangue tombe sur les grands championnats et reconnaît les copines avec qui elle courrait quelques années auparavant. Ça la titille de plus en plus. Quelque chose n’a pas été achevé.
Bis repetita
Dix ans exactement après ses premiers tours de piste, Orlann Ombissa-Dzangue se présente à nouveau au club d’athlétisme de Sens. Nous sommes en novembre 2017. Un peu comme par miracle, l’histoire se répète. Début 2018 elle se qualifie pour les Championnats de France et se place troisième, après seulement quelques mois d’entraînement et surtout six ans d’arrêt complet. La sprinteuse retrouve son coach des débuts, devient vice-championne de France du 100 mètres en 2018 et 2019 et décroche sa place au sein du relais 4×100 mètres, avec qui elle remportera une médaille d’or aux Championnats d’Europe par équipes en 2019. Désormais tournée vers les Jeux olympiques de Tokyo, elle prétend à une qualification avec le relai mais aussi en individuel. Pour cela elle devra descendre en compétition et d’ici la fin du mois de juin sous le minimum requis de 11’15. Un objectif atteignable puisque son record personnel est de 10 centièmes en-dessous de cette barre. « Il va falloir être sérieuse et ne rien louper », se motive la sprinteuse, revenue à l’Insep depuis 2018 et dont le rythme d’entraînement approche les dix par semaine.
Année olympique oblige, Orlann Ombissa-Dzangue met entre parenthèses l’espace de quelques mois la carrière commencée l’an dernier au sein du dispositif Athlètes SNCF. Agent commercial Transilien en gare de Paris Montparnasse, elle retrouve sur son lieu de travail les valeurs de respect, de discipline et d’esprit d’équipe qui l’anime dans son sport. Et salue « le temps disponible pour l’entraînement, tout en gardant un pied dans le monde de l’entreprise ».
Propos recueillis par Benoit Pellegrin
Cet article s’inscrit dans le cadre d’un cycle de sept portraits de championnes membres du dispositif SNCF, qui permet à une trentaine d’athlètes de mener de front leur carrière sportive et professionnelle au sein du groupe ferroviaire français. L’opération se fait en collaboration avec Analog Sport, qui se présente comme la première association d’éducation et d’insertion à travers la photographie argentique et le sport.
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ?
Proposez une correction à notre rédaction.
Vous avez aimé cet article ?
Retrouvez tous nos articles de fond dans le magazine
S’abonner au magazine