Paoline Ekambi, du basketball à l’accompagnement des athlètes de haut niveau
Figure du basket-ball féminin des années 80, Paoline Ekambi possède l’un des plus beaux palmarès de sa discipline. L’ancienne recordwoman de sélections sous le maillot bleu accompagne depuis plusieurs années les sportifs et sportives vers une reconversion efficiente. Retour sur un parcours autonome et autodidacte.
Aujourd’hui indissociable du basketball français, Paoline Ekambi ne se jette pourtant pas dans ce sport dès ses premières années.
À ses treize ans, à l’occasion d’un rendez-vous médical annuel, son médecin lui apprend qu’elle développe une légère scoliose. Rien d’handicapant. Cependant, il lui conseille de pratiquer un sport, pour permettre à son corps de vivre avec cette déformation dorsale, et également, aider à diminuer des potentielles douleurs. Trois sports sont recommandés à la jeune parisienne et son mètre soixante quinze : le tennis, le volley-ball et le basket-ball. Le choix du ballon orange se présente grâce à une camarade d’école licenciée au club de Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l’Essonne. À la fin de sa 1ère saison de basket, la parisienne est détectée pour participer à un stage de sélections « Grands Gabarits » qui a lieu au CREPS de Boulouris, dans le Var. Par la suite, elle fera partie des joueuses qui intègreront, en 1976, la toute 1ère promotion sport-études basket à l’INSEP, appelée « Horizon 80 » dans la perspective des JO de Moscou 1980. Elle sera vice-championne d’Europe, avec l’équipe de France junior en 1981. Ce sera sa toute 1ère médaille en compétition internationale.
La première figure du basketball féminin français
Le qualificatif de « pionnière » n’est pas volé pour l’ancienne internationale bleue. Première, elle l’a été sur de nombreux points. Première femme tous sports confondus à faire la couverture de L’Équipe Magazine, sur le numéro 85 à seulement dix-neuf ans, première Française en NCAA (première division de basket-ball universitaire aux USA), première femme à commenter un match NBA aux côtés de Georges Eddy (journaliste franco-étasunien au service des sports de Canal+), elle est également la première femme du basketball français à avoir un agent, à son retour des États-Unis en 1986. Paoline Ekambi a été une des joueuses les plus médiatiques de sa génération. Elle a fait plusieurs couvertures, comme celle du magazine de beauté Louna en 1990, celle de France-Antilles en 1996 ou encore dans le magazine Elle spécial JO d’Atlanta, photographiée dans une tenue de Karl Lagerfeld par Jean-Paul Goude. La tricolore a été mannequin et a posé pour Paco Rabanne, entre autres.
Paoline Ekambi est une témoin historique de l’évolution sa discipline. Elle fait partie de la génération qui a fait la transition entre le basket « semi-professionnel » et « professionnel », celle d’après ses ainées qui avaient un statut amateur. Elle a évolué avec des coéquipières qui devaient concilier sport et emploi, puis d’autres qui comme elle n’en avaient aucunement besoin, car salariées de leur club. Au cours de ses quatorze années en équipe de France, elle cumulera 2321 points et 254 sélections, un record qu’elle détiendra pendant 20 ans, jusqu’en octobre 2017 où elle passera le relais à Céline Dumerc, une autre légende du basket français, sélectionnée à 262 reprises.
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Une après-carrière déjà pensée
Sa carrière internationale se terminera en 1993, avec notamment un titre de vice-championne d’Europe en poche. Elle continuera encore deux ans en club afin de préparer sa reconversion professionnellement. Un sujet auquel Paoline s’était déjà préparée en parallèle de sa carrière, car elle était consciente qu’une blessure pouvait mettre un terme prématurément à sa carrière sportive, mais aussi parce que les joueuses ne gagnaient pas suffisamment d’argent pour être à l’abri, contrairement à leurs homologues masculins.
Elle commence dans une agence de gestion d’image et de carrière des sportifs de haut niveau, où elle est chargée de développement du département sport au féminin. Elle enchaîne différents postes, comme chargé de projet junior dans une agence de conseil en marketing sportif, chargée de mission au service des sports d’une collectivité territoriale en région parisienne, détachée par la suite au sein du Pôle Leonard de Vinci pour promouvoir une filière commerce et gestion adaptée aux contraintes calendaires des entraînements et compétitions des sportifs de haut niveau, où encore consultante en communication pour une créatrice de joaillerie de luxe et pour une marque de lunettes solaires.
Ses compétences sont valorisées par plusieurs formations comme une année de BTS styliste de mode, l’obtention d’une certification de Community Manager et d’une certification en stratégie de Communication & Corporate Reputation à HEC Paris. Malgré un premier échec dans l’entreprenariat, où elle considérait « ne pas être prête », elle rebondit et apprend de ses erreurs, comme lui a toujours appris le sport. En 2015, à l’occasion d’un événement, elle échange avec d’autres sportifs de haut niveau, professionnels, handisports, sur leurs problèmes d’acculturation au monde de l’entreprise dont ils sont éloignés, pendant et après leur carrière sportive. Elle prend alors conscience que le sujet de la reconversion est encore trop peu abordé avec les sportifs au cours de leur carrière.
Le lancement d’un entreprise d’aide à la reconversion des sportifs
C’est alors qu’elle décide de co-fonder avec trois associés, Sportail Community, une entreprise de l’ESS agréée Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale (ESUE). Leur vision est née de leur connaissance des difficultés qui caractérisent le processus de transition professionnelle en fin de parcours sportif. C’est cet enjeu sociétal d’importance qui les a poussés à prendre la mesure du problème et à accompagner les sportifs vers une reconversion efficiente, pendant et après leur carrière sportive. Par ailleurs, les entreprises ont bien saisi le potentiel relatif aux qualités exceptionnelles que ces sportifs détiennent. La deuxième face de Sportail Community consiste donc naturellement à accompagner les entreprises à recruter et à intégrer ces talents particuliers dans leur environnement économique.
Véritable touche à tout, Paoline Ekambi se sera construite via le sport et l’aura ensuite commenté sur différents médias, avant de rendre au sport ce qu’il lui a apporté à travers son activité professionnelle et ses nombreux engagements sociétaux.
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