Paris 2024 : Alexandra Saint-Pierre, des batailles vers Paris
Devenue paraplégique suite à un accident de la route en 2017, Alexandra Saint-Pierre figure déjà parmi les prétendantes à la médaille d’or en para tennis de table (classe 5) des Jeux paralympiques de Paris 2024. Ces lauriers, tant convoités, auréoleraient avant tout le parcours d’une battante.
Le chemin a été sinueux. Déjà touchée par une algoneurodystrophie depuis ses onze printemps, entraînant une mauvaise communication entre le cerveau et sa jambe droite, Alexandra Saint-Pierre est victime d’un premier accident de la voie publique en 2017. La jeune femme de 19 ans plonge dans un syndrome post-traumatique et ne peut désormais plus se mouvoir sans un fauteuil roulant.
Le destin s’acharne. L’Abbevilloise d’origine subit une agression dans son établissement scolaire en février 2018 et se fait à nouveau faucher huit mois plus tard. « Entre l’accident qui se passe en août 2017 et la décision de reprendre le sport en février 2019, il s’est passé plusieurs mois. Je n’avais pas dans l’idée de reprendre une activité sportive. J’ai été poussée par un médecin pour sortir de l’isolement, remuscler le haut du corps. C’était une manière de me rééduquer pour gagner en autonomie dans mon quotidien. » Celle qui s’imaginait faire carrière dans la santé, se tourne alors vers le tennis de table. Un sport qu’elle a déjà pratiqué plus jeune.
Une ascension fulgurante
A Rouen où elle prend un nouveau départ, la Picarde de la FDJ Sport Factory dépoussière sa raquette et rencontre Guillaume Marais, son entraineur. « Je n’ai pas commencé de zéro. Quand j’ai commencé le tennis de table, j’avais quelques bases. Je connaissais les coups principaux. Mais j’ai dû l’adapter au maniement du fauteuil», se remémore-t-elle. Très vite, la pongiste s’inscrit en compétition. Le 18 mai 2019, à Roanne, elle remporte la médaille de bronze en double mixte et l’or chez les féminines dès sa première participation aux Championnats de France des moins de 21 ans. « On s’est dit qu’il y avait une carte à jouer, et à l’époque on commençait déjà à parler des Jeux de Paris. L’idée est vite arrivée d’essayer d’obtenir une qualification. J’ai alors revu tout mon quotidien. »
Détectée, elle rejoint la liste ministérielle des sportifs et sportives de haut niveau. Et se lance sur la scène internationale. A Grenade, en 2022, treize mois après ses premiers pas à l’étranger, elle décroche son premier titre de championne du monde. Depuis, l’actuelle numéro 2 mondiale n’a plus jamais quitté les podiums des championnats du monde et d’Europe. Au-delà de la performance sportive, ces déplacements aux quatre coins du monde ont fait office de thérapie. « Avant, dehors était pour moi un milieu insécuritaire. Je ne sortais que par obligation. Maintenant, je conduis, je prends plaisir à sortir, je parle ouvertement du handicap. Ce n’est plus un tabou. Le tennis de table a changé ma vie. »
Paris, prochaine station
Alexandra Saint-Pierre rêve à nouveau en grand. C’est dans la capitale, à la fin de l’été, qu’elle veut marquer d’un point d’orgue ce début de carrière détonant. A 27 ans, la déjà multi médaillée espère bien décorer son cou de la plus belle des médailles. Son quotidien et sa vingtaine d’heures d’entraînement hebdomadaire sont tournés vers ce but. « Je travaille beaucoup avec de l’analyse vidéo pour voir quels sont les schémas de jeu récurrents des adversaires. Je suis plus jeune que mes adversaires, elles ont l’expérience mais moi j’ai la progression d’une petite jeune. De leur côté, elles sont plus sur une phase de maintien de leur système de jeu. » Dans cette dernière ligne droite, son temps s’agence entre son club de Bois-Guillaume en Seine Maritime et les stages avec l’équipe de France. « La plupart du temps, je m’entraine avec des valides ou avec mon entraîneur qui n’est pas en situation de handicap. Mais quand on joue avec quelqu’un debout, les trajectoires de balles sont différentes. » Les regroupements tricolores sont donc essentiels pour travailler spécifiquement la pratique fauteuil et affiner les derniers détails tactiques. La vie en groupe permet aussi de vivre pleinement cette aventure collective. Avant le grand-rendez-vous qui sollicitera, à nouveau, son mental d’acier.
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