Angèle Hug kayak cross JO Paris 2024
À la rencontre des sportives

Paris 2024 – Angèle Hug : « Les supporters m’ont donné tellement de force sur la rampe »

Maud Tardieux
13.08.2024

Après sa médaille d’argent sur l’épreuve de kayak-cross des Jeux de Paris 2024, Angèle Hug s’est confiée aux Sportives sur son incroyable parcours olympique, où elle aura su utiliser le soutien massif du public français comme une force. 

Sa médaille des Jeux de Paris 2024 dans les mains, Angèle Hug est revenue avec Les Sportives sur son incroyable performance pour ses premiers JO. Le 5 août dernier, l’Ardéchoise a conclut son brillant parcours olympique par le titre de vice-championne olympique, arraché dans la première finale de kayak-cross de l’histoire des Jeux. De quoi mettre davantage de lumière sur son sport et inspirer les plus jeunes. 
 

Les Sportives : Vous êtes vice-championne olympique, qu’est-ce que ça fait ?

Angèle Hug : Honnêtement, je pense que je ne réalise pas encore. Il va me falloir encore un peu de temps, mais je ressens énormément de joie, surtout par rapport à tous les supporters qui m’ont donné tellement de force sur la rampe. C’est aussi beaucoup de satisfaction, parce que la préparation c’était des hauts et des bas, et lorsque l’on arrive le jour J, il y a parfois plein de doutes qui reviennent. Donc je suis super fière d’avoir bravé toutes ces émotions.

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Pour revenir un peu sur votre finale, vous êtes dernière à mi-parcours, et vous remontez deux de vos adversaire pour arracher l’argent, c’est le mental qui a fait la différence ? 

En fait, sur le coup, ça m’a paru facile. J’avais l’impression de m’être tellement bien préparée, d’avoir tellement bien appréhendé le public et de m’en être tellement bien servi comme une force, que je n’ai jamais douté. Le soir de la médaille, on m’a rappelé que j’avais été quatrième pendant la course, et je ne m’en souvenais pas. Donc la leçon c’est de se dire que c’est jamais fini, qu’il faut garder le cap. 

On a aussi l’impression que vous avez fait les bons choix stratégiques dans la finale. Le kayak-cross, c’est un sport qui se joue à l’instinct ou à l’intelligence ?

Je dirais que c’est un sport à dimensions multiples. Le départ est au sprint mais pour la suite, il peut effectivement y avoir un aspect tactique. En fait, avant la course, on fait plein de scénarios mais c’est très rare au final de les tenir. Parce qu’à moins de faire la course en tête, on ne sait jamais ce que vont faire les autres Donc on court plutôt à l’instinct, mais bien sûr il faut aussi de l’intelligence et du recul pour utiliser au mieux cet instinct.

Qu’est-ce que ça faisait de disputer vos premiers JO à la maison ? 

Quand vous êtes la seule Française ou le seul Français sur la rampe et que les adversaires entendent votre nom clamé en coeur par tout le public, on se dit que l’on a un petit avantage, même s’il faut réussir à en faire un atout. C’était aussi une grande force de savoir que ma famille était là, y compris ma grand-mère, mes oncles, tantes, etc. qui n’auraient pas forcément pu venir si ça avait été à l’étranger.

 

Comme vous le dites, le soutien du public a été massif, mais ça aurait aussi pu être écrasant, non ? 

Justement au moment de la sélection, je me suis dit que j’avais deux choix : soit le jour J me laisser écraser par tout « l’emballage » des Jeux, c’est-à-dire toute la ferveur qu’il y a autour, parce que finalement ça reste la même course, soit réussir à trouver de la force dans l’ampleur de l’événement et dans l’ampleur du public. Ce qui m’a aidée aussi, c’était vraiment de me dire que pour sortir satisfaite des Jeux, il fallait d’abord que je m’amuse et que je profite à fond, quitte à mettre le résultat de côté. Tout ça a bien fonctionné. 

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Est-ce que vous avez fait un travail de préparation mentale en amont des JO, justement pour gérer tout cela ? 

Oui, je travaille avec mon préparateur mental depuis plus de trois ans maintenant. Au moment de la sélection, il y a un peu plus d’un mois, on s’est posé cette question du public français, parce qu’on savait que les gens seraient très nombreux dans les tribunes vu que l’on était en France. 12 000 personnes voire plus, on n’avait jamais vu ça dans le kayak. Au début, ça m’a fait un peu peur, et je me suis demandée si j’allais réussir à gérer ça. Mais on a travaillé sur site, on est allé explorer un peu les tribunes et puis on a fait un travail de préparation spécifique pour dépasser toutes ces appréhensions. 

Beaucoup de gens ont été très impressionnés par le kayak-cross et se sont pris d’intérêt pour ce sport, nouveau aux JO, non ?

En fait, j’ai l’impression que beaucoup de gens s’intéressaient déjà au kayak-cross avant les Jeux, alors que c’était tout nouveau. Ça date seulement d’il y a trois ou quatre ans, quand Tony Estanguet a émis l’idée pour les JO de Paris. Pendant les Jeux, c’est vrai qu’on a vu que les gens ont adoré, avec certains qui comparaient même ça à Mario Kart. Ce qui fait que ça plaît, à mon avis, c’est qu’il y a du suspens et de la bagarre. Maintenant, à voir si ça va durer ! Mais je pense qu’il y en a beaucoup qui auront très envie de voir le reste : les coupes du monde, les championnats, etc. 

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Pensez-vous que votre médaille d’argent, la première pour la France en kayak-cross, va susciter des vocations ?

Oui, bien sûr, je pense à tous les jeunes que ça va inspirer. Et je suis aussi aussi super contente, en tant que fille, de ramener une médaille à la Fédération française de kayak, car depuis Émilie Fer, je crois que ce n’est plus arrivé en slalom. Quand on débute le kayak et que l’on est une fille, ce n’est pas toujours évident. On commence parfois dans des clubs où il n’y a que des garçons. Alors forcément, quand on voit une femme médaillée olympique, on se dit que tout est possible.

Cette médaille d’argent, est-ce qu’elle vous donne de la motivation et éventuellement de nouvelles envies pour la suite ? 

Franchement, déjà ça me donne énormément de force. Comme je disais, certaines fois on doute dans sa carrière et c’est difficile d’être fière de soi. Quand on une médaille olympique autour du cou, on n’a pas trop de doute : ce que l’on a réalisé est énorme. Après, j’ai vu la médaille d’or et j’ai pu la toucher, elle est encore plus belle : ça me donne envie d’aller la chercher à Los Angeles ! 

Maud Tardieux
13.08.2024

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