Paris 2024 – Héloïse Courvoisier : « La sélection était un mélange de soulagement, de fierté et de joie »
Sa sélection pour les Jeux paralympiques de Paris tout juste confirmée, Héloïse Courvoisier revient sur la préparation et les choix ayant permis cette qualification obtenue avec sa guide, Anne Henriet, pour l’épreuve de paratriathlon dans la catégorie PTVI (déficients visuels).
Les Sportives : Le 10 juillet, vous avez enfin eu votre qualification officielle pour les Jeux paralympiques de Paris 2024, qu’est-ce que vous avez ressenti à ce moment-là ?
Héloïse Courvoisier : Je ne sais pas comment dire ; c’était un grand mélange d’émotion et de soulagement, surtout après une journée d’attente du coup de téléphone du DTN (Directeur Technique National, NDLR). La journée avait été tellement intense dans l’attente qu’il y avait beaucoup de pression. Il y avait donc un peu de relâchement de la pression, pour qu’elle remonte encore mieux derrière. Mais c’était surtout un mélange de soulagement, de fierté et de joie, ça c’est clair.
Pourtant, il n’y avait pas trop de suspens a priori, en étant sixièmes mondiales, si ?
Si quand même, dans le sens où on n’avait fait aucun critère. Enfin, il y avait des critères écrits qu’on n’avait pas faits, et sinon c’était sélection à discrétion du DTN. Donc on ne sait jamais trop, c’est l’avis du sélectionneur qui prime. Même en étant sixièmes nous n’étions pas sûres d’être sélectionnées, donc normalement jusqu’au dernier moment on attendait l’annonce de la sélection.
De quels critères parlez-vous quand vous dites qu’il y avait des critères écrits sur le papier que vous n’aviez pas remplis ?
Le critère pour être sélectionnables c’était de faire top 2 aux championnats du monde, sauf qu’on y était pas. Ensuite, il fallait confirmer en 2024 avec une place sur les coupes du monde, mais ça de toute façon on n’avait pas fait. Donc c’est vrai que la discrétion du DTN laisse la place à une éventuelle non-sélection, même en étant sixièmes mondiales, ce n’est pas du tout sûr de valider la sélection.
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Pourtant, le mois de juin avait quand même été encourageant avec cette victoire en Italie, est-ce que cela vous avait quand même envoyé des signaux positifs ?
Oui et non. En fonction des courses, il n’y a pas toujours toute la concurrence. En Italie, le Top 3 mondial n’était pas présent. Donc l’appréciation est différente. Par exemple à Taranto, pour moi, ce n’est pas une bonne course. On a nagé correctement mais on n’a pas fait un vélo très fort. Puis la course à pied, avec la chaleur et ce qui s’est avéré être un début de Covid, la course à pied n’est pas bonne. Donc voilà, il faut analyser les données parce que finalement la victoire en Italie, c’est une moins bonne course par exemple que la deuxième place à Swansea (Angleterre).
Et finalement vous partez rapidement en Angleterre car vous vous inquiétez pour votre billet olympique. Que s’est-il passé ?
Le plan de la saison initial c’était de faire Yokohama en mai, ensuite Besançon et Montréal. Bien en amont, on avait décidé de ne pas faire la course en Angleterre car c’est une course avec un parcours vélo qui peut être très dangereux, très technique, avec des portions de route qui ne sont pas nickel. Avec une mauvaise météo associée ça peut être périlleux, tellement que l’année dernière l’organisation a annulé le vélo.
Mais le lundi, après la course de Besançon, Anne jette un coup d’œil à la startlist un peu à la dernière minute. Les calculs et la distribution des points n’étaient pas bons. On allait repasser dixième, et ça c’était le pire scénario. En passant dixième, plus de sélection possible. On s’entraîne à 17 h à vélo, j’ai passé une bonne partie de ma sortie à refaire les calculs, à revérifier les startlist, les points. J’étais défaitiste. Après quelques coups de téléphone, Nicolas Becker, l’entraîneur national, a réussi à nous faire rentrer sur la startlist. Donc le mardi à 11 h 30, on était sur la startlist de Swansea. On fait deuxième, ce qui nous a permis de bloquer les filles qui auraient marqué de plus gros points si on n’était pas là.
Les JO vont commencer dans quelques jours, est-ce que vous aurez un œil sur la compétition ou vous restez concentrée à fond sur votre préparation ?
Je pense que je vais quand même regarder un petit peu. Mais l’entraînement est dense aussi et je vais retrouver Anne dès la semaine prochaine, je n’aurai donc pas beaucoup de temps. Après, on enchaîne à Vichy au début du mois d’août, donc finalement on va être pas mal à l’entraînement. Mais malgré tout je vais suivre d’un œil, pas de chance je n’en ai qu’un qui fonctionne (rire). Et l’autre ne fonctionne pas du tout, mais bien sûr, je vais quand même regarder un peu ce qu’il se passe.
Propos recueillis par Claire Smagghe
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