Marie-Eve Paget lors de sa semaine de décharge pendant la préparation olympique de Paris 2024. Crédit photo : Claire Smagghe
À la rencontre des sportives

Paris 2024 – Marie-Eve Paget : « Cette année marquera ma carrière sportive et ma vie de femme »

Claire Smagghe
21.03.2024

Pour préparer les Jeux olympiques de Paris 2024, Marie-Eve Paget a intégré cette année, avec sept autres joueuses, la première équipe professionnelle française féminine de 3×3. Si l’équipe de France a déjà obtenu son ticket pour l’olympiade parisienne, l’Annécienne espère quand à elle faire partie des quatre qui défendront le drapeau tricolore cet été. Rencontre. 

Les Sportives : Vous vous concentrez désormais sur la pratique du 3×3, qu’est ce que cela change dans votre approche de la pratique et pour la préparation olympique ?

Marie-Eve Paget : Ce projet pour préparer Paris 2024 change beaucoup de choses. Avant j’étais basée dans une ville, rattachée à un club et à une équipe avec qui je m’entrainais tout le temps. On avait deux matchs par semaine et c’était de août à la fin de l’année. Là aujourd’hui, c’est totalement différent. J’appartiens à une équipe qui est mobile. On n’a pas un lieu de stage défini, on bouge un peu partout en France. Et il y a aussi des semaines où je m’entraine seule. Et ça c’est la grosse différence. Les moments à la maison font partie de l’entrainement pour le projet olympique.

 

Vous avez peu de compétition également…

Oui c’est vrai. Mais là on arrive dans une période où on va en avoir de plus en plus et de manière régulière. Mais quand on a l’habitude d’avoir deux matchs par semaine et que là on a eu deux compétitions depuis janvier, cela change totalement.

⏩ À lire aussi : Un timbre à l’effigie d’Alice Milliat

Avez-vous du réfléchir longtemps pour rejoindre ce projet olympique et mettre de côté votre carrière de 5×5 ?

Je n’ai pas douté. Ca me posait plus un problème d’engagement parce que je m’étais engagée avec Basket Landes pour trois ans. Et j’avais encore une année de contrat. Pour le coup, ça été un peu un choix égoïste. Si je voulais performer aux JO, c’était important de m’y mettre à fond. C’est juste dommage que ca été communiqué tard auprès des clubs et que ça a pu créer des tensions.

Mais ce projet pour moi il était évident et nécessaire. J’ai la chance de pouvoir préparer un objectif olympique et on a de hautes ambitions. Ce projet est adéquat pour prétendre à ce genre d’ambitions. On se professionnalise et on se spécialise encore plus. On se connait déjà bien dans l’équipe mais le fait de vivre ensemble au quotidien, on crée des liens encore plus profonds et solides qui seront nécessaires quand on affrontera des difficultés pendant toutes les compétitions et notamment aux Jeux.

Vous évoquez le changement de rythme par rapport  à celui que vous connaissiez en club. Cela rend-il la mobilisation au quotidien plus difficile ?

Je pense que cela peut être compliqué. Je suis quelqu’un de déterminé, c’est une de mes forces. Donc j’arrive à me mobiliser de manière régulière et sur le long terme. Je ne le vois pas comme une contrainte. Je l’ai vraiment vu comme une opportunité. J’ai eu la chance de me reposer, de travailler sur moi. On a du travail individuel et ça par exemple, ce n’est pas quelque chose qu’on a le temps de faire dans une saison classique. C’est la performance collective qui prime. Et rien que pour ces points, je me dis que cette année ne sera jamais perdue. A la fin de ma carrière, quand je regarderai en arrière, je me dirai que j’ai eu l’opportunité d’être professionnelle de 3×3 pendant une année. Peut être que cette année, qui casse la monotonie, me permettra de gagner un an ou deux sur ma carrière de 5×5 parce que je serai plus reposée et j’aurais vu autre chose.

 

Beaucoup d’athlètes évoquent l’objectif d’une vie en parlant des Jeux de Paris, c’est aussi comme cela que vous voyez l’olympiade qui arrive ?

C’est des mots peut-être un peu fort mais c’est surtout parce que c’est à Paris. Les Jeux c’est la compétition phare. J’ai déjà eu la chance de participer à celle de Tokyo. C’est déjà assez incroyable. Là il y en a une autre qui s’offre à moi. C’est le projet d’une vie dans le sens ou cette année je mets tout en œuvre, beaucoup plus que les autres années, parce que cette échéance on la prépare ni comme une coupe du monde, ni comme une coupe d’Europe. Que je sois dans l’équipe ou pas, et bien sur qu’il y a des scénarios plus faciles à accepter que d’autres, mais dans tous les cas cette année marquera ma carrière sportive et ma vie de femme.

⏩ À lire aussi : Isaline Sager-Weider : « Après 20 ans d’entraînement quotidien, tout va s’arrêter »

Comment va s’organiser votre vie à partir de maintenant ?

Cela va être dans continuité de ce qu’on fait depuis octobre. C’est-à-dire alterner entre les moments de stage et les semaines de décharge. Dans ces moments, je vais profiter de ma famille et rentrer sur Mont-de-Marsan car c’est la bas ma structure d’entrainement. Plus le temps va avancer, plus la pression va augmenter et donc il va falloir être capable de la gérer. J’ai envie d’aimer cette pression. Car si je la sens c’est que je vais participer et être dans mon objectif.

Quelles sont les prochaines échéances ?

On vient de rentrer de la Mongolie où on a fait des matchs d’entrainement. Là on a un peu de repos avant d’enchainer sur un gros bloc à Toulouse où on aura les deux derniers stop de la Ligue pro de 3×3 qui a vu le jour à la Hoops Factory en février à Lille. Sur le mois d’avril, on va peut-être aller aux USA pour un premier Women Series avec un autre stage. Puis mai et juin vont être rythmés par des tournois et par des Women Series. Et c’est sur ces mois là que le processus de sélection va s’entamer. Pour l’instant, on est dans une phase de développement pour que le collectif soit encore meilleur puis on va entrer dans la phase où il va falloir être performante pour convaincre le sélectionneur qu’on a notre place dans cette équipe. En juin, juillet, on sera en mode JO avec de l’affinage sur les détails qui feront la différence. 

⏩ À lire aussi : Combiné nordique – Léna Brocard : « J’attends de faire ce par équipes depuis tellement longtemps »

Chacune d’entre vous voudra tirer son épingle du jeu pour avoir sa place dans la liste finale. Cela impacte-t-il l’ambiance du groupe ? 

S’il y a une pression, moi je ne la sens pas. Ce qui fait notre force c’est qu’il n’y a pas de concurrence malsaine. En tout cas, il n’y en a jamais eu. Là c’est une nouvelle échéance, c’est la première fois qu’on est tout le temps ensemble. Il y aura peut être des petites tensions qui vont se créer car on est huit pour quatre places. Mais je pense que c’est ces tensions qui vont nous permettre de nous tirer vers le haut. D’être encore plus dur à l’entrainement. Cela peut être que bénéfique. L’équipe qui en sortira sera prête à affronter des adversaires qui voudront exactement la même chose : le titre olympique. 

Claire Smagghe
21.03.2024

Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ?
Proposez une correction à notre rédaction.