Paris 2024 (pentathlon moderne) – Élodie Clouvel : « C’est la médaille de la résilience, du courage »
Après une longue phase de dépression, Élodie Clouvel ressort la tête haute de ces JO de Paris 2024. Dans le magnifique écrin de Versailles, la pentathlète de 35 ans ajoute une deuxième médaille d’argent à son palmarès olympique, et n’exclut pas de revenir pour Los Angeles 2028 et rêve aussi de devenir maman.
Les Sportives : Après toutes les épreuves traversées, ce titre signifie beaucoup…
Élodie Clouvel : Vous savez par où je suis passée cette année. Quand j’avais dit qu’on allait écrire une belle histoire à Paris, c’est chose faite. C’est la médaille de la résilience, du courage. Il ne faut jamais rien lâcher même quand on est au fond du trou. Il y a un an de ça, je voulais tout arrêter. Et aujourd’hui, je suis médaillée olympique aux côtés de deux grandes championnes (Michelle Gulyas et Seong Seungmin, ndlr). Il y avait du gros niveau dans cette finale, je savais que ça allait revenir en course mais je n’ai rien lâché. Le public m’a beaucoup apporté, c’était fou.
Cette saison, vous avez eu des faiblesses sur le tir. Comment avez-vous géré votre premier tir et la suite ?
Sur le premier, ce sont mes vieux démons qui sont revenus, dans le sens où j’étais un peu toute seule au stand de tir. J’ai mis un peu de temps à me mettre dedans, il y avait un peu de vent, ça m’a un peu perturbée. J’étais un peu dans l’émotion sur le premier tir. Et après le premier tir, je n’ai rien calculé, j’ai foncé. J’ai pensé à Ahmed Elgendy (l’Égyptien champion olympique, ndlr) que j’ai regardé hier (samedi), et je me suis dit :
« Allez, tu fonces comme lui et tu vas chercher devant, tu vas chercher devant. »
Vous êtes la dernière athlète de l’histoire à avoir monté un cheval dans une épreuve de pentathlon moderne aux JO, en France. Comment voyez-vous le futur de votre discipline ?
C’est fou. Quand j’ai réalisé ça sur la carrière de détente, j’étais toute seule avec mon cheval sur le dernier saut vertical avec lui. J’ai volé avec lui, car il était incroyable, je le remercie d’ailleurs. Il s’appelle Fly, c’est un cheval de la Garde républicaine. Il a été complètement avec moi, il a géré la pression parce qu’il y en avait. Je passais dernière, il y avait un grand silence. En plus, Marie (Oteiza, ndlr) avait fait une chute juste avant, donc ça m’a mise dans l’émotion. On a eu peur. Mais je me suis reconnectée tout de suite à mon cheval et quand on est entrés dans l’arène, c’était fou. Je n’ai même pas senti qu’on avait fait une barre, j’étais tellement dedans, tellement avec mon cheval. C’était mon dernier parcours, c’était magique. Je n’oublierai jamais ce cheval.
Pouvez-vous comparer vos deux médailles d’argent ?
Je ne peux pas les comparer, mais celle-ci a une saveur particulière. C’est la médaille de la résilience, de la persévérance. Comme quoi il ne faut jamais rien lâcher. Parce qu’aujourd’hui, j’étais comme une reine dans le château de Versailles, acclamée par tout le public français. Je n’ai pas eu la Marseillaise mais j’avais plein de drapeaux français autour de moi. C’est de l’argent, mais c’est tellement plus qu’une médaille en fait.
Il n’y a aucune déception d’être passée si près de l’or ?
C’est sûr, j’aurais aimé être championne olympique. Quand je pars première, je pars pour ça. C’est déjà énorme ce que j’ai fait en tir. Je suis tellement reconnaissante du chemin que j’ai pu avoir parce que je n’étais pas forcément en confiance sur cette épreuve avec tout ce que j’ai vécu cette année. Mais j’y suis arrivée, je n’ai rien lâché et les filles ne sont pas revenues. Michelle (Gulyas, la championne olympique hongroise, ndlr) ne partait qu’à 13 secondes de moi, elle est très forte au tir et à la course.
Vous projetez-vous déjà sur les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028 ?
Ah, je n’ai pas dit non ! J’ai envie d’essayer la nouvelle épreuve (l’équitation ne sera plus au programme du pentathlon, ndlr), ça me tient à cœur. Je vais faire sûrement une petite pause.
J’aimerais fonder une famille et avoir un bébé.
J’ai tellement attendu. Les Jeux de 2028, j’ai quatre ans pour les préparer, alors que je n’en ai eu que trois ans pour ceux-ci. Ça change la donne. Je n’ai pas dit stop. Je me sens bien dans mon corps, bien dans ma tête. Je suis redevenue Élo. J’ai encore l’envie. La suite va être belle, quoi qu’il arrive.
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