À la rencontre des sportives

Portrait [5/11] : Nadia Aidli, présidente de la FFDD

Claire Smagghe
21.11.2019

Si les récents évènements de sport au féminin, notamment la Coupe du Monde de football, ont permis de mettre en exergue la tendance à une meilleure visibilité des sportives de haut-niveau, la féminisation des instances fédérales n’en reste pas moins délaissée. L’accès aux postes à responsabilité reste une problématique latente et cristallisée. Avec seulement 11 femmes présidentes de fédération sportives dont une seule dirigeant d’un sport olympique, le mouvement sportif reste dominé en grande majorité par les hommes. Découvrez les portraits de ces 11 femmes qui militent au quotidien pour la parité dans le sport. 

Aujourd’hui nous rencontrons Nadia Aidli, présidente de la Fédération Française de Double Dutch (FFDD). 

 

  • Pourriez-vous retracer depuis combien de temps vous êtes présidente ?

Depuis une vingtaine d’années ! Durant ce laps de temps il a fallu tout construire, inventer, innover pour faire vivre l’ambition que nous portons !

Notre histoire est très atypique dans l’univers du sport français et depuis l’obtention de l’agrément en 2011 nous tentons de faire vivre un modèle correspondant à nos disciplines et aux attentes des pratiquants tout en  jouant un rôle dans le développement et la structuration internationale.

  • Avez-vous toujours eu un parcours de femme engagée et à responsabilités ?

Très jeune j’étais engagée dans de nombreuses actions au service de différentes causes. C’est dans mon ADN ! Professionnellement je suis responsable des politiques Jeunesse pour un département. Tout est très lié dans ma vie entre engagement qui souvent nécessite de prendre des responsabilités et réalisation de projets ambitieux et utiles. 

  • Quelles sont les actions marquantes de ces dernières années/mois en tant que présidente de votre fédération ?

Le lancement du programme Sauté Santé à destination des établissements scolaires et des associations et déjà plus de 300 écoles qui ont « fait le saut ».

La structuration du territoire autour d’une offre club académique et d’une action sport urbain qui nous a emmené à faire des démonstrations lors des Jeux Olympiques de la Jeunesse à Buenos Aires avec de beaux projets en perspectives pour ceux de Dakar en 2022.

Le développement dans le cadre du sport scolaire en secondaire avec une convention nationale avec l’UNSS concrétisée par une première rencontre compétitive en mai dernier et l’entrée de nos disciplines « Jump Rope » dans le cadre des gymnasiades organisées par l’ISF qui se dérouleront en octobre 2020 en Chine, de quoi motiver les jumpers du monde.

  • Que pensez-vous de la structuration actuelle du sport français?

Je préfère imaginer celle qui est en construction ! Le modèle qui prévalait jusqu’à maintenant laissait peu de place aux nouvelles pratiques, à l’adaptabilité nécessaire pour être en phase avec les attentes, aux évolutions voire mutations… Pour permettre l’innovation il faut ouvrir les champs du possible. Nous avons bénéficié de bienveillance des politiques et des institutions, pour autant cela n’a jamais pu se concrétiser par un soutien nous permettant la professionnalisation nécessaire à notre développement.

Les projets que nous développons reposent uniquement sur les forces vives et volontaires de notre réseau et le soutien de quelques collectivités. Les réformes sont pour nous une bonne chose à condition de pouvoir faire « matcher » nos projets qui correspondent aux objectifs annoncés depuis déjà quelques années, avec ceux de l’état avec comme corollaire un soutien indispensable pour changer d’échelle. Le programme Sauté Santé réponds complètement aux questionnements récurrents sur la pratique d’activité physique à l’école et les enjeux d’éducation à la santé, tandis que les actions développées autour des formes urbaines du Double Dutch s’inscrivent dans la lignée du Breakdance avec l’éclairage fort donné à nos pratiques urbaines par son entrée probable au JOP PARIS 2024.

  • Que vous inspire cette phrase « Là où tant d’hommes ont échoué, une femme peut réussir. »? 

Dans la vie comme dans l’engagement je pense que tout est question de complémentarité, de genre, d’origine, de territoire, d’environnement socioculturel… Ce qui est sûr c’est que ce n’est pas parce qu’ils ont échoué, qu’on ne réussira pas !

 

Claire Smagghe
21.11.2019

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