Rencontre avec Cécile Duchateau, préparatrice physique de l’équipe de France de natation
L’Orléanaise Cécile Duchateau est la référente préparation physique au sein de la Fédération française de natation. Elle veut accompagner au mieux les athlètes jusqu’à Paris 2024. En attendant, elle se donne à fond dans son métier passion. Rencontre.
Les Sportives : Vous êtes aujourd’hui la préparatrice physique de l’équipe de France de natation. Quel a été votre parcours pour en arriver là ?
Cécile Duchateau : J’ai toujours aimé le sport et j’ai fait de la natation au niveau national, donc je connais les exigences de la pratique intensive. Mon métier a toujours été en lien avec mon sport, c’est cool. Je suis allée en STAPS, j’ai été reçue au concours de professeur de sport pour être cadre technique. Cela fait maintenant 15 ans que je suis fonctionnaire au ministère des Sports et que j’ai intégré la Fédération française de natation.
Vous êtes également attachée à la Ligue Centre-Val de Loire ?
Je suis identifiée comme cadre technique régional, donc j’ai des missions chez moi, en Centre-Val de Loire. Là, je gère des formations fédérales, j’anime les programmes sportifs, les compétitions, c’est assez vaste. Parallèlement, je suis sur l’année les clubs d’Orléans, Tours et Romorantin. Dans l’idée, je suis responsable technique de la discipline sur le territoire, donc rattachée à la Ligue, ensuite j’ai des missions régionales et nationales. Je suis également responsable de l’inter-région Ouest.
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Au service de l’équipe de France
Comment avez-vous intégré l’équipe de France ?
J’ai travaillé la prépa physique au cours de ma formation. Comme j’aime la musculation, j’ai passé des diplômes et la Fédération m’a fait une proposition. J’ai d’abord fait de l’analyse vidéo sur les équipes de France jeunes, je suis restée avec l’équipe juniors pendant 8 ans, avec plusieurs casquettes. Depuis environ 2 ans, je suis sur l’équipe de France A pour l’accompagnement prépa physique. C’est une évolution positive pour moi, un signe de confiance. Comme je suis fonctionnaire, je ne suis pas payée plus cher, mais je suis toujours à bloc. J’ai vraiment la démarche d’être au service des clubs, des athlètes et des entraîneurs.
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Référente préparation physique, c’est quoi ?
Je suis beaucoup dans l’observation, je n’ai pas d’exigence particulière. Ce sont des adultes, donc ils se connaissent bien, ils ont déjà une lecture et une attente bien spécifique. Au départ, j’ai pris un peu la température, pour voir de quel degré d’accompagnement ils avaient besoin. J’ai essayé d’instaurer des échanges avec les structures dans lesquelles ils évoluent au quotidien, car c’est une histoire de confiance aussi. Il y a des méthodes et des besoins différents selon les athlètes, donc plus je fais d’actions, mieux je sais ce qu’il en est. Je sais sur quoi ils vont aller sur une prépa terminale et pourrai ainsi mieux les aider. Il y a aussi un travail en lien avec les kinés et médecins en cas de souci physique, pour bien réagir sur un travail spécifique avant une compétition. Tout cela est très riche. Ce qui me nourrit, c’est de voir toutes les approches de la préparation, les modèles d’entraînement.
Dans l’échange et l’écoute
Comment se prépare une échéance comme celle des championnats du monde de l’été dernier ?
Jacco Verhaeren, directeur des équipes de France, est en quelque sorte le grand chef. Nous avons des visio toute l’année, pour caler les besoins et les attentes. Parfois, elles ne concernent que le staff, parfois il y a les entraîneurs, pour faire le point. De mon côté, je fais aussi des visio avec les préparateurs physiques pour garder le lien. J’en fais trois ou quatre par an, mais il y a évidemment des rencontres en présentiel. Ce peut-être sur des compétitions hors équipe de France ou sur des stages nationaux. Il y en a tous les trois à quatre mois pour assurer une continuité dans la vie de l’équipe. Je fais un peu le check-up de tout le monde, j’appelle, je fais un point que je partage avec le staff de l’équipe. Une fois sur place, j’ai tous les programmes et je travaille en fonction.
Que se passe-t-il lors du stage final et de la compétition ?
Le stage préparatoire ce sont des séances à bien organiser. Ils étaient 32 cet été au Japon donc c’était nécessaire. Globalement, il y a des créneaux musculation le matin, et l’après-midi je les récupère avant ou après la séance natation. La plage horaire est variable en fonction de chaque stage, là j’avais environ cinq heures par jour en salle avec les nageurs pour faire tous les accompagnements identifiés. Une fois la compétition lancée, je suis un peu moins en action. Malgré tout, je suis présente sur l’échauffement à sec, juste avant le départ à la chambre d’appel pour la course. Il y en a qui vont faire ce qu’on appelle des activations, quelque chose de court, sur 10 ou 15 mn. Ce peut être du travail de renfo, du lancer de médecine-ball, de d’élastique pour travailler les épaules. Je reste dans l’espace France, un lieu qui nous est dédié, avec des tapis, du petit matériel. Le kiné est là aussi, au fur et à mesure des courses, chacun vient nous voir s’il a besoin.
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La sensation de participer à une belle aventure
Comment vivez-vous la compétition ?
Dès que le dernier nageur est passé à la salle, je monte dans les gradins pour voir les courses. Après, il y a des écrans dans tous les espaces, donc on peut suivre. On vit des moments géniaux, comme ce truc historique avec notre Léon Marchand (multi médaillé et record mondial). Une fierté, oui, enfin pour moi c’est surtout bravo à ceux qui les suivent à l’année. On fait aussi tout ça pour ça, participer à l’aventure, c’est du plaisir.
Paris 2024, vous y pensez ?
Depuis deux ans. Je crois qu’on en entend parler à tous les niveaux. Clairement, tout ce qui a été mis en place en termes de campagnes 2022- 2023, c’est orienté. Quand notre manager anime les réunions, il y a toujours les Jeux en ligne de mire. L’équipe bénéficie aussi d’un coaching mental, avec ces notions de cohésion des activités et d’union. Notre calendrier international est chargé, avec les championnats d’Europe petit bassin à Bucarest en décembre, un stage en janvier et les mondiaux à Doha en février. Pour ma part, tant que je n’y suis pas je reste prudente, mais c’est se serait cool. C’est un rêve quand on aime le sport.
Crédit photo : Stéphane Kempinaire-FFN
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