Sarah Moussaddak : « Le public, il se bat avec toi, je ne suis pas seule »
Le Glory, plus grand promoteur de kickboxing au monde, est de retour en France ce samedi 9 septembre. À cette occasion, la Franco-marocaine Sarah Moussaddak aura l’opportunité d’éclabousser la foule de son talent précoce. Pour la deuxième fois, elle va tenter d’arracher le titre mondial à l’incontournable Tiffany van Soest. Le Dôme de Paris sera donc le théâtre d’une revanche épique entre les deux athlètes, après la victoire controversée de l’Étasunienne en octobre dernier. Entretien avec une fille de champion bien décidée à tracer son propre chemin.
L’ascension a été fulgurante pour cette toute jeune femme. À seulement 19 ans, elle a signé son premier contrat avec le Glory, alors qu’elle était étudiante en droit. Elle décida de mettre ses études de côté pour se donner tous les moyens de réaliser ses ambitions. En quatre ans, elle prit le temps de se perfectionner. La crise du Covid lui en laissa parfaitement l’occasion. Elle en profita pour compléter ses connaissances à l’aide d’un diplôme dans le domaine de la forme. Cela lui a permis une meilleure compréhension et optimisation de sa préparation.
Tiffany van Soest dans le viseur
Perfectionniste et déterminée, Sarah Moussaddak apprit qu’elle affronterait la légende Tiffany van Soest, considérée comme la meilleure combattante toutes catégories confondues, pour la ceinture des poids coqs, rien que cela. La rencontre était programmée pour octobre 2022 et n’a pas manqué d’entrer dans les annales. La confiante Étasunienne s’était vantée sur les réseaux sociaux qu’elle disposerait de son adversaire en moins de trois rounds. Il n’en a rien été. « Au départ, j’étais un peu stressée puis, d’un coup, plus rien. J’étais comme apaisée. J’ai entendu le public et je me dis : “C’est ton travail, tu es là pour ça“. » Avant d’ajouter : « Le public apporte beaucoup d’énergie, il se bat avec toi. Je ne suis pas toute seule. » Et cette foule, elle a su la conquérir de ses poings ce soir-là. Les juges, en revanche, en ont jugé autrement, attribuant une victoire décriée à la plus expérimentée des deux.
Loin de se laisser abattre, la boxeuse française s’est reposée et est vite passée à autre chose. C’est une travailleuse avec un mental d’acier. Quand on lui demande d’où elle le tient, Sarah évoque une existence qui ne l’a pas épargnée. Le milieu, d’abord, ne lui a pas vraiment ouvert les bras malgré le palmarès de son père, Omar Moussaddak (cinq fois champion du monde, trois fois champion d’Europe de boxe thaï). « C’est ma mère qui me poussait dans le milieu. Mon père ne m’a pas suivi. Aujourd’hui, il est dans mon coin parce qu’on a renoué mais il y a une grande partie de ma vie où il n’était pas là. J’ai dû faire mes preuves dans le monde de la boxe, dans un monde de requins, un monde aussi très masculin. J’ai fait mon parcours moi-même et il n’était pas là. »
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Face à Sarah Moussaddak, pour une dernière danse
Ce samedi, la Valenciennoise tentera de gâcher la fête à van Soest. En effet, cette dernière a annoncé qu’il s’agissait de son dernier combat, un nouveau combat pour le titre mondial, mais notre athlète est bien décidée à lui montrer qu’il est temps de laisser sa place à la nouvelle génération. Elle aussi, d’ailleurs, tente d’inspirer les générations suivantes à travers son sport et à travers sa vie. Son message, elle le proclame haut et fort. « Il faut avoir confiance en soi-même, c’est le plus important. Il ne faut pas trop écouter son entourage. On a un feu en nous. Il ne faut absolument pas laisser ces personnes l’éteindre, comme dit Omar Sy. » Qui de la fougue ou de l’expérience remportera ce choc des titans ?
Crédit photo : Glory
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