Seins et sport de haut-niveau : entretien croisé avec Nina Brkljacic et Sophia Fehri, joueuses au CTHB
Joueuses du Chambray Touraine Handball, Nina Brkljacic et Sophia Fehri réalisent de plus en plus la nécessité d’être informées sur le maintien de leur poitrine.
Dans le cadre du partenariat qui lie le club et la marque Z Sport depuis 2015, les joueuses du Chambray Touraine Handball sont invitées à chaque début de saison au siège de l’entreprise tourangelle. Tandis que les nouvelles joueuses découvrent le travail de la marque qui accompagne leur club, les plus expérimentées, elles, renouvellent leur équipement.
« On visite. On teste les modèles, et on repart avec une brassière à notre taille », explique la demi-centre Nina Brkljacic. « Certaines sont séduites par les brassières, d’autres se dirigent plus vers les soutien-gorge. Ensuite, on prend nos mesures au niveau de la poitrine et du bonnet. » Les deux joueuses sont notamment friandes d’un modèle avec fermeture zip, « pratique » lors des rendez-vous chez le kiné ou pour des échographies. « Cela évite de se dénuder totalement. En plus, les bretelles sont ajustables. » Pour Nina Brkljacic, qu’importe la marque : la qualité du produit est essentielle dans le handball. « On a énormément de contacts donc il faut des brassières qui tiennent. Et non pas que la poitrine bouge à chaque accrochage. »
Le maintien des seins : une thématique « jamais abordée » par les encadrements
Derrière ce moment d’échange et de renouvellement de l’équipement, le partenariat entre la marque et le club semble avoir sensibilisé les joueuses à une démarche essentielle : la prévention sur les risques auxquels peuvent faire face les seins dans une pratique sportive de haut niveau. « Je suis entrée au pôle à 18 ans. J’ai une forte poitrine et le sujet n’a jamais été abordé par les encadrements », remarque Nina Brkljacic, 30 ans. Sa coéquipière pivot, Sophia Fehri s’est, elle, longtemps sentie peu concernée par ce sujet. « Je n’ai pas une forte poitrine donc je ne pensais pas que c’était important. » Jusqu’à ce que la joueuse fasse un stage chez Z Sport dans le cadre de ses études, début 2021. « J’y ai découvert que même dans mon cas, c’est-à-dire une petite poitrine, mes ligaments de Cooper doivent être soutenus. Au risque de ne pas rester en bonne santé. » Depuis ses débuts, Sophia Fehri, 25 ans, achetait des brassières en grande surface ou après d’équipementiers. Elle portait surtout « plus d’attention au côté esthétique » d’une brassière et moins à la qualité du maintien.
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Pour la sportive, des rendez-vous de prévention
Nina Brkljacic est encore plus préoccupée par cette question depuis qu’elle entraîne des joueuses du centre de formation. « Elles ont 14 ou 15 ans. Je remarque qu’elles ne sont pas informées sur leurs seins. On sent que c’est un poids pour elles. » L’entraîneur qui officie à ses côtés a, lui, des difficultés à aborder le sujet avec les joueuses. « C’est un sujet intime. Il a peur que le fait de l’aborder soit mal pris par la joueuse. C’est aussi délicat parce que beaucoup d’entraîneurs sont des hommes. Notre coach est père de deux filles : il est sensibilisé à ces questions, mais ce n’est pas encore le cas dans tous les clubs. » En attendant, les joueuses ont des suggestions pour mieux informer les joueuses. « On peut imaginer, dans les clubs, des rendez-vous de prévention pour expliquer aux jeunes les critères à privilégier pour se sentir à l’aise. » Quand à Sophie Fehri, sa porte reste grande ouverte pour ses coéquipières en éclosion. « Si demain, une joueuse du centre de formation souhaite me parler parce qu’elle est gênée d’en parler à son coach, je lui répondrai avec grand plaisir. »
Propos recueillis par Assia Hamdi
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