Sur le Tour de France, des cyclistes pédalent pour une course féminine
Depuis trois ans, le projet « Donnons des Elles Au Vélo J-1 » consiste en une course féminine par étapes sur le parcours du Tour de France, avec une journée d’avance sur l’épreuve masculine. Fort d’une médiatisation accrue et d’un intérêt grandissant, les cyclistes rêvent aujourd’hui d’un Tour de France féminin.
Pour la troisième année, le projet Donnons des Elles au Vélo J-1 boucle son Tour de France ce week-end, sur les Champs Elysées. A l’initiative d’un club de cyclisme, onze femmes cyclistes parcourent chaque année l’intégralité du Tour de France masculin…mais un jour avant leurs homologues professionnels masculins. Donnons des Elles Au Vélo J-1 cherche à promouvoir l’existence du cyclisme féminin et alerter sur le manque de grandes courses féminines par étapes médiatisées.
Un projet né de l’idée d’un club de cyclisme 100% féminin
C’est le Club Omnisport de Courcouronnes Cyclisme Féminin (COCCF) qui est à l’origine du projet Donnons des Elles au Vélo J-1. Créé en 2014, l’association vise à combattre les inégalités hommes-femmes dans le monde du cyclisme. Aujourd’hui, le club 100% féminin oeuvre sur la compétition régionale et en Division Nationale, sur le vélo loisir, ainsi que sur le développement par la promotion du cyclisme féminin. « Créer ce club était à l’époque un moyen de développer le cyclisme féminin et de faire quelque chose contre le peu de femmes pratiquantes », justifie Claire Floret, responsable du projet Donnons des Elles Au Vélo J-1. L’année de la création du club a lieu la première édition de « La Course by le Tour de France », quinze ans après l’arrêt du Tour de france féminin. Organisée par Amaury Sport Organisation, en charge du Tour de France, « La Course » consistait de 2014 à 2016 en une unique étape féminine s’achevant sur les Champs Elysées, en lever de rideau de la Grande Boucle. Cette année, « La Course » consiste en une seule étape dans les Alpes. Un premier pas encourageant mais « insuffisant » pour les membres du COCCF qui ont voulu aller plus loin. En juillet 2015, les membres lancent la première édition de Donnons des Elles Au Vélo J-1. « On voulait créer un peloton féminin pour enlever de la tête des gens que le cyclisme est masculin ».
De l’anonymat aux reportages quotidiens télévisés
Pour la troisième année, les onze femmes cyclistes de toutes nationalités réalisent en amateur le même parcours que les cyclistes de la Grande Boucle. Sur le parcours, il n’y aucun objectif de performance et la bonne humeur est là. « On prend le départ et on passe la ligne d’arrivée mais on ne se tire pas la bourre…enfin, sauf parfois en dehors des cols ! » avoue Claire Floret, qui réalise aussi le parcours.
Logistique, communication, suivi santé, le staff de cette édition 2017 est composé de huit personnes. « On a commencé à trois femmes, dans l’anonymat, se souvient Claire Floret. Et petit à petit, d’autres personnes nous ont rejoint. » Enseignant-chercheur en cardiologie du sport à Rennes Solène le Douairon a suivi les coureuses sur leur parcours en 2016 pour une étude cardiologique. Cette année, cette passionnée de vélo poursuit son étude…mais pédale sur tout le parcours avec les cyclistes. « Je suis issue d’une famille de cyclistes, j’ai commencé à pédaler à huit ans. C’était une super occasion d’allier le travail et le plaisir, je ne pouvais pas passer à côté. » En trois ans, Donnons des Elles au Vélo J-1 a aussi gagné en médiatisation. « La première année, malgré de la presse locale, on était dans l’anonymat, se souvient Claire Floret.
L’an dernier, un reportage a été réalisé dans l’émission Vélo Club (après chaque étape du Tour de France, NDLR). Les réseaux sociaux ont aussi amplifié l’initiative. » Mais cette année, le projet est mis en lumière par une pastille quotidienne et un résumé le week-end sur France 2. « Sur le bord des routes, les gens nous remarquent davantage, se réjouit Solène le Douairon. Ils disent qu’ils nous ont vu à la télé et se demandent pourquoi le projet n’est pas plus médiatisé. »
« Petit à petit, on espère vraiment changer les choses. »
L’objectif futur : l’organisation d’un Tour de France féminin
Aujourd’hui en France, les femmes représentent moins de 10% des licenciés en cyclisme, contre 38% en moyenne dans les autres sports. Le projet est soutenu par la Fédération française de cyclisme dans le cadre de son projet fédéral de féminisation de la pratique. « Ce partenariat avec la FFC nous permet de solliciter des clubs locaux lors de notre parcours. » Bien implantée dans le monde du vélo, la Française Des Jeux suit également l’initiative depuis la deuxième année. L’idée du COCCF serait qu’un tour féminin ait lieu le même jour que le tour masculin, avec une étape plus courte et une arrivée une heure plus tôt. « Cela permettrait aux cyclistes féminines de profiter du public et des infrastructures du Tour de France, souligne Claire Floret. C’est comme ça que le Tour de France féminin fonctionnait auparavant et ça marchait bien. » L’idée a été soumise à Amaury Sports Organisation. « Christian Prudhomme (directeur de la course, NDLR) nous a dit que le Tour de France était une trop grosse machine et qu’ajouter une deuxième course serait compliqué en terme de logistique. »
L’objectif du COCCF est désormais de convaincre les acteurs que le projet gagne en popularité pour que Donnons des Elles au Vélo J-1 soit un jour récupéré par un organisateur de courses. « Désormais, le projet est médiatisé à la télé et il y a un public, donc des partenaires peuvent être intéressés. En trois ans, on devient de plus en plus visible. Petit à petit, on espère vraiment changer les choses. »
Propos recueillis par Assia Hamdi
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