Tess Harmand : « Le quidditch est un exemple de mixité et d’inclusion »
Le quidditch, le sport des sorciers, continue de se développer en France. Seul sport de contact mixte, il déconstruit beaucoup de stéréotypes. Rencontre avec la Présidente de la Fédération française de quidditch, Tess Harmand.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le quidditch, ce sport adapté des romans Harry Potter ?
D’abord, je tiens à préciser que le quidditch est le seul sport de contact mixte et qui ne se joue qu’en mixité. C’est un sport créé en 2005 aux États-Unis, qui a connu un développement mondial. Au niveau des règles, on le compare souvent à un mélange de handball, de rugby et de balle au prisonnier. On peut plaquer, il y a une dynamique de mouvement et de jeu. On marque les buts avec un ballon de volley, mais il y a un gardien. En plus, deux personnes jouent avec une balle au prisonnier pour mettre hors-jeu des adversaires.
La particularité est le « balai », un tube de PVC d’un mètre qu’on met entre les jambes et qu’on tient souvent à une main. Les gens en retiennent souvent un aspect ridicule mais sans ça, il n’y a pas de handicap sur le terrain. Cela permet aussi d’indiquer qu’on est hors-jeu en enlevant le balai.
Où en est la pratique en France ?
Le quidditch débute en France en 2011, la fédération a été créée en 2013 pour structurer le mouvement et faire lien avec la fédération internationale (IQA). Il y a quelques années on comptait 500 pratiquants en France, avant le Covid on tournait à 360. Cette légère baisse est liée au fait que beaucoup sont étudiants, donc ce n’est pas toujours facile de maintenir sa pratique sur la durée et d’avoir un renouvellement. On recense aujourd’hui une quinzaine d’équipes. Beaucoup étaient en pause depuis 2020 mais se relancent.
On voit de plus en plus de curieux. Certes, la saga Harry Potter attire, mais les gens restent pour l’aspect sportif et la mixité. Beaucoup de joueurs ne sont d’ailleurs pas familiers des films ou des livres, et certains ont à l’inverse du mal à se détacher de la série. On fait attention, la crédibilité est un gros enjeu pour nous. La France est tout de même championne d’Europe en titre, on essaie d’insister sur cet aspect, de faire de la pédagogie.
Comment avez-vous découvert le quidditch, et quel a été votre parcours jusqu’à la présidence de la fédération ?
J’ai commencé en 2016 lors d’un échange universitaire à Miami, puis je me suis renseignée pour rejoindre un club sur Paris. J’ai ensuite voulu m’engager comme bénévole. En décembre 2019, on a créé une commission « égalité mixité », dans le but de valoriser l’aspect inclusif du quidditch. Puis le mandat du précédent bureau se terminait en juin 2020, on a discuté avec plusieurs personnes qui voulaient s’impliquer. Prendre la présidence me permettait de pousser plus loin les idées de la commission.
Vous travaillez également au sein de la Fondation Alice Milliat, qui œuvre aussi pour l’égalité dans le sport…
Oui, j’y ai d’abord fait un service civique. Les thématiques de la fondation me parlent énormément, cela résonne avec mon engagement dans le quidditch. Quand la fondation a voulu se structurer davantage, j’ai été recrutée en février 2021 pour me replonger sur des projets développés pendant mon service civique notamment. On va aussi plus loin, avec des projets à l’échelle européenne via le programme Erasmus + sport. On peut également labelliser des structures, et en mai prochain on organise un tournoi de rugby à 7 féminin qui sera une sorte de festival.
Vous faites des ponts entre la Fondation Alice Milliat et le quidditch ?
Bien sûr ! Mon expérience dans le quidditch m’a apporté de la confiance en moi, et appris à gérer une équipe de bénévoles par exemple. Et mes responsabilités au sein de la Fondation Alice Milliat m’ont beaucoup appris sur le milieu du sport. On y mène surtout des actions de sensibilisation et d’éducation. Au sein de la fédération de quidditch, on est en train de mettre en place une charte d’engagement pour l’inclusivité. Il y a clairement des ponts à dessiner.
Selon vous, le quidditch est un modèle de mixité ?
Totalement, c’est un bel exemple de mixité et d’inclusion qui peut marcher. Elle est inscrite dans le livre des règles : on ne peut pas avoir plus de quatre personnes du même genre sur le terrain. Cette règle permet aux personnes non-genrées de jouer avec leur propre catégorie, et aux personnes transgenres de ne pas être mégenrées. Cela donne à ce sport un aspect unique, où on déconstruit beaucoup de stéréotypes. La meilleure plaqueuse du monde est une femme américaine par exemple. Mais il faut encore faire évoluer les mentalités, on voit plus souvent quatre hommes sur le terrain que quatre femmes…
Crédit photo : Quidpic.be
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