Tir sportif : Mathilde Lamolle, l’armée en attendant les Jeux olympiques
Parmi les 47 disciplines composant les Jeux de Paris 2024, le tir est probablement l’une des plus méconnues. Malgré un titre de championne du monde, de nombreux titres européens et déjà deux olympiades à son palmarès, Mathilde Lamolle reste une athlète dans l’ombre des médias. À l’occasion de la cérémonie l’intronisant marraine du 19ème régiment du génie, Les Sportives est allé à la rencontre de l’athlète membre de l’armée des champions, potentielle médaille des prochains Jeux.
C’est au cœur de la salle d’honneur du 19ème régiment du génie à Besançon que nous avons pu rencontrer Mathilde Lamolle. Entourée de treillis et d’objets historiques retraçant l’histoire de ce lieu militaire originellement situé en Algérie, le contrat d’engagement entre la sportive française et l’armée se prépare pour signature. La native d’Aubagne, spécialisée au tir sportif à 10 et 25 mètres, déjà engagée depuis 2020, devient la marraine de ce régiment. Un revenu supplémentaire pour l’athlète qui, malgré un métier encore non professionnalisé en France, se consacre a plein temps dans l’exercice de sa discipline.
Les Sportives : Après une année 2022 très réussie, à l’instar de votre titre de championne du monde, l’année 2023 est un peu plus compliquée du côté des résultats. Comment jugez-vous votre saison ?
Mathilde Lamolle : Pour l’instant c’est un peu mitigé. Je n’ai pas eu de grosse performance, mais souvent je suis à la porte de la finale sur tout la saison, à la 9ème, 10ème place… Aujourd’hui, je suis encore top 5 mondial, ça montre que je suis parmi les meilleures, mais j’attends des médailles. Notamment aux Championnats du monde.
Avec les titres de la saison dernière, est-ce que la pression a changé ?
Non pas spécialement. Mes attentes peut-être. Je vois que ça fait trois ans que je suis dans le top 5 mondial. Je vois que je suis meilleure au quotidien, donc mes attentes sont plus élevées, mais il n’y a pas de pression supplémentaire.
Vous avez changé d’entraineur depuis environ un an. Y a-t-il eu des changements significatifs avec l’arrivée de Walter Lapeyre ?
Pas spécialement encore. Ça faisait plus de 10 ans que je travaillais avec mon ancien entraineur. Nous avions instauré beaucoup de choses ensemble. Donc pour l’instant c’est plutôt dans la continuité de ce qui a été fait précédemment.
Pourquoi ce changement d’entraîneur justement, après une saison réussie ?
C’est plus politique, au niveau de la fédération.
⏩ À lire aussi : Camille Serme : « Sportive de haut niveau ou maman : pourquoi devrait-on choisir ? »
Vous avez pu tester fin avril, le Centre national de tir sportif à Châteauroux, qui accueillera les JO. Comment le trouvez-vous ?
Il est beau. Il est grand. Je suis simplement déçue qu’il ne soit pas à Paris, car nous serons vraiment mis à part pour les Jeux. Il n’y aura pas de village avec les autres sportifs, ni l’ambiance qu’on a connu sur les autres olympiades. Donc, un peu déçue d’être éloignée, mais le centre en lui même est vraiment bien.
Comment fonctionnent les quotas du tir sportif pour les JO ?
Il y a des compétitions de référence dans lesquelles des quotas sont distribués. Le quota est une place gagnée pour la nation dans la discipline. Donc si je gagne un quota aux Championnats du monde, je peux décrocher une place dans ma discipline pour la France. Ensuite il y a des sélections en interne pour savoir qui le prendra. Les premiers quotas sont déjà distribués et il y en aura encore toute l’année prochaine.
Est-ce que vous appréhendez différemment les JO à venir par rapport aux précédentes olympiades ?
Le stress n’est pas forcément plus important. Mes attentes un peu plus. J’ai une première olympiade en 2016, où je fais une participation. La deuxième je suis aux portes de la finale. En France je sais que j’aurai du soutien de mes proches, de ma famille. Aujourd’hui je ne ressens pas de pression particulière, le jour-J peut-être.
⏩ À lire aussi : Oriane Bertone, la jeunesse au sommet
Depuis 2020, que vous a apporté l’engagement avec l’armée ?
Déjà un contrat de travail, c’est-à-dire un salaire tous les mois. Le tir n’étant pas un sport professionnel, et peu médiatisé, ça me permet de vivre et de me consacrer pleinement à ma discipline.
Est-ce que le fait de venir l’an dernier à Besançon pour les championnats de France a compté dans votre choix ?
Je ne sais pas [rires]. C’était la première fois que je venais à Besançon, je ne sais pas si ça a joué.
⏩ À lire aussi : À Paris, Manita casse les barrières du foot pour les femmes
Les sportifs engagées avec l’armée :
Dans l’objectif des Jeux olympiques 2024, l’armée a souhaité qu’un athlète parraine chaque régiment en France. Il est nécessaire qu’un accord soit trouvé entre le sportif de haut-niveau et le régiment. De nombreux sportifs de renoms ont intégré ce programme tel que Clarisse Agbégnénou, Julia Chanourdie ou encore Marie Oteiza. Les sportifs s’engagent pour 25 jours minimums avec l’armée. Cela peut se dérouler lors de rassemblement au régiment de Besançon, des regroupements avec l’ensemble des sportifs au bataillon de Joinville, ou encore lors des championnats militaires.
À lire aussi : Au départ de la Transmaurienne, Margot Moschetti milite pour la reconnaissance du VTT Marathon
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ?
Proposez une correction à notre rédaction.
Vous avez aimé cet article ?
Retrouvez tous nos articles de fond dans le magazine
S’abonner au magazine