Triathlon, sport et endométriose : les multiples défis d’Anne Dubndidu
Animée par le besoin de sortir de sa zone de confort et d’entrer dans une phase de progression, l’influenceuse Anne Dubndidu s’est lancée le 8 juin dernier sur l’AlpsMan. Un triathlon XXL autour du Lac d’Annecy avec 3,8 km de natation, 180 km à vélo, 42 km de course à pied, et un peu plus de 4350 mètres de dénivelé positif cumulé. La sportive a documenté sa préparation sur YouTube, mais partage au quotidien sur Instagram et sur son blog de nombreux contenus liés au sport. Si elle se lance aujourd’hui de tels défis, elle doit malgré tout affronter l’endométriose.
Elle a choisi un triathlon XXL pour son objectif 2024. Alors, pour arriver au bout de l’AlpsMan, ce « défi de l’extrême », Anne Dubndidu s’est pliée à une préparation de six mois. Dans un premier temps la sportive s’est concentrée sur le travail de fond : muscler son cœur, travailler l’intensité, la technique à vélo et ses points faibles dans chaque pratique. Après ces quatre mois d’intensité vient le volume, « qui apporte beaucoup de fatigue », précise l’influenceuse. Une fatigue tout aussi mentale, puisqu’il est toujours question d’organisation pour intégrer les heures d’entraînements quotidiennes à son emploi du temps.
Préparer et terminer un triathlon, une grande preuve de force mentale pour cette championne. « On part sur un défi physique à l’origine, mais il faut compter toutes les peurs qui l’entourent. Savoir anticiper les difficultés, dans mon cas les descentes à vélo me font très peur. C’est parfois difficile de ne pas se laisser submerger par ses peurs ou de savoir que l’on se met soi-même en échec à cause du mental. » Lors de l’épreuve du marathon, Anne a du lutter contre des crampes d’estomac l’ayant fait beaucoup souffrir. Un long passage à vide durant lequel elle doit alterner entre marche et course. « J’avais du mal à m’alimenter. Mais je me suis dit : tu as le droit de marcher. Parce que je ne voulais pas avoir de regrets ! »
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L’endométriose à l’épreuve du sport
Au défi sportif, s’ajoute celui de la santé. Comme beaucoup d’autres jeunes femmes, Anne prend la pilule dès son adolescence, surtout dans le but de se débarrasser de l’acné. Mais à la vingtaine elle met un terme à ce traitement et découvre les douleurs menstruelles. « On normalise beaucoup les douleurs liées aux règles, on pense qu’elles sont banales ou pas assez intenses pour être prises au sérieux. » Mais lors d’une sortie vélo avec son compagnon, elle est alertée par des signaux semblables à ceux d’une hypoglycémie. La cycliste décide de s’arrêter, mange, mais ne peut repartir. La tête tourne et sa vision est trouble. Des crampes d’estomac l’obligent à se plier en deux, jusqu’aux vomissements. « La survenue d’une crise est très aléatoire. » C’est à la suite de cette première « crise » qu’Anne apprend à écouter les signaux que lui envoie son corps. « Comme il y a, à ce jour, très peu de spécialistes sur les questions liées à l’endométriose, il fallait que je devienne ma propre experte sur mon propre corps. » La maladie chez elle est diagnostiquée tardivement, après ses vingt-cinq ans. Notamment dû à la longue attente pour obtenir un rendez-vous d’IRM. Anne passe l’examen, puis reçoit enfin le diagnostic. « J’étais toute seule chez moi et j’ai reçu ce mail, très froid, m’annonçant que je souffrais d’endométriose. Mais le plus surprenant, c’est qu’il n’y a aucun suivi derrière. »
La jeune femme avoue que le sport l’aide à supporter l’endométriose et participe à réduire ses douleurs. Elle est la preuve que l’endométriose ne limite pas les défis sportifs. La difficulté majeure reste la gestion des symptômes pendant la compétition. La préparation sportive pour une femme, à la différence d’un homme, comprend notamment les périodes du cycle. « Il m’arrivait de prévoir au jour le jour selon mon cycle », même si cela doit entraver le plan du coach. Dans le sport il est courant d’entendre que les piliers fondamentaux sont le sommeil, l’alimentation ou encore l’hydratation. Dans le cadre du cycle menstruel, ce sont des piliers qu’Anne estime tout aussi essentiels. Il est important pour elle de rester flexible vis-à-vis du plan d’entraînement, de savoir l’adapter en fonction des facteurs qui influent sur ses performances mais aussi sur son énergie disponible. « Les intensités dans l’entraînement ne seront pas les mêmes au début ou à la fin du cycle. »
Quand Anne Dubndidu pousse le féminisme dans le sport
La présence de toilettes sur les routes compliques également les sorties à vélo. « Ça reste un problème pour changer ses protections, car on est obligée de le faire sur le bas-côté, presqu’aux yeux des autres. » Et le triathlon ne facilite pas la tâche en raison de la trifonction. « C’est un vrai challenge de faire un triathlon pendant ses règles. » La sportive ajoute qu’au cours de cette période, « on est physiquement moins disponible. Le corps est occupé à autre chose. En raison de l’impact de nos règles sur nos performances, alors nous entraînons différemment des hommes, mais cela ne veut pas dire que nous nous entraînons moins bien. » La triathlète en est convaincue. « La concurrence dans le sport entre homme et femme ne devrait pas exister. Nos différences ne nous empêchent pas de vibrer aussi fort dans notre pratique. » La jeune femme porte un regard positif face à l’avenir du féminisme au sein du sport. « On lutte encore pour notre place dans le sport », et d’ajouter que les femmes devraient pouvoir s’exprimer davantage, oser affronter les instances, en majorité masculines, qui entourent le domaine sportif. « On ne se laisse plus autant marcher sur les pieds. Les femmes ont aujourd’hui moins peur de s’exprimer. Avant on se battait pour se faire une place parmi les hommes, maintenant on veut avoir une bonne place. »
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