Valeria Rodríguez López, la Colombienne qui vit l’adrénaline de la vitesse
À 19 ans, la jeune patineuse de vitesse colombienne Valeria Rodríguez López espère se faire une place dans son équipe nationale. En Colombie, meilleure nation mondiale, le patinage de vitesse est un sport roi. Spécialiste des courses courtes, celle qui vient de passer en catégorie séniors se donne corps et âme dans un sport qui ne lui permet pas de vivre.
Née à Itagüí, au sud de Medellín, elle commence le patinage de vitesse à quatre ans dans le Club de Patinaje Envigado (PAEN). Petite fille très active qui aimait faire plusieurs sports, elle est poussée par sa mère qui voulait qu’elle fasse « quelque chose de différent ». Pendant plusieurs années, elle pratique en même temps le cheerleading, la natation, la gymnastique et le volley-ball. Elle se concentre désormais sur son sport principal et suit des études en parallèle.
« Le patinage m’a aidée à avoir plus de discipline et je sens qu’il me donne un motif pour m’améliorer. »
Le patinage comme moteur
La patineuse du PAEN, déjà multi médaillée mondiale en junior, vient tout juste de passer en catégorie seniors, avec en point de mire les championnats du monde 2021 qui auront lieu dans son pays, à Carthagène. « Si Dieu le veut, cette année j’obtiendrai ma première sélection en équipe nationale seniors », indique la fervente croyante. Boostée par le goût de la vitesse, de l’adrénaline et du vent ressenti pendant les courses, elle compte bien décrocher une place dans la meilleure équipe mondiale, où la concurrence est rude. Spécialiste des épreuves courtes et individuelles – 100 mètres, 200 mètres et one lap sur route et sur piste – elle progresse grâce à ses coéquipier·e·s : « Le niveau sportif est toujours très élevé. Nous réalisons plus ou moins des compétitions nationales chaque mois. Et je crois que nous nous aidons à nous améliorer chaque fois. » Les patineuses colombiennes se présentent sur un grand nombre d’échéances importantes comme les World Games (NDLR réservés aux sports non olympiques) ou les Jeux panaméricains. Mais voir leur sport au programme olympique serait une grande fierté pour elles et leur pays.
« Ici, le seul sport dont on pourrait vivre c’est le football et comme le patinage n’est ni un sport olympique ni rien, c’est compliqué. »
Être sportive de haut niveau en Colombie, entre rêve et réalité
Essayer de gagner sa vie avec le sport de haut niveau est difficile dans un pays aux faibles ressources économique, dont le produit intérieur brut par habitant·e est trois fois inférieur à celui de la France. Valeria Rodríguez López ne peut pas se concentrer uniquement sur le patinage de vitesse. Sauf à être parmi les tou·te·s meilleur·e·s, il est difficile d’en vivre. Elle a ainsi commencé des études en ingénierie civile pour s’assurer un revenu stable mais ne suit pas un cursus complet pour pouvoir s’entraîner assidûment. Malgré les difficultés, « je continue parce que ça me plaît, parce que ça m’a donné la possibilité de gagner un peu d’argent. Même si ce n’est pas suffisant pour vivre, je suis encore jeune, je peux étudier à l’université et je pourrai ensuite travailler pour vivre correctement ». L’État fournit des aides économiques à ses sportif·ve·s « à la hauteur de la Colombie ». Des aides insuffisantes pour permettre à cette jeune sportive de vivre pleinement de sa passion alors que le patinage de vitesse est « un sport de masse ». Malgré ces freins que rencontrent un grand nombre de sportifs et de sportives, Valeria Rodríguez López ne « compte pas abandonner le patinage de vitesse. Je suis jeune, j’ai encore beaucoup à apprendre et à vivre dans ce sport ».
Propos recueillis par Constance Vignaud.
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