Mental et performance
Tribunes

Comment le mental influence la performance ?

Aurélie Bresson
12.03.2020

Tribune. Emmanuel Piquemal, ostéopathe (spécialisé en périnatalité).

Depuis 2010 je demande systématiquement à mes patient.e.s « Au niveau du moral comment ça va ? » parce qu’il est aujourd’hui scientifiquement prouvé que les émotions modifient au moins la tension musculaire et la sensation de la douleur.

Parmi mes patient.e.s qui font du sport, et pour certain.e.s à haut niveau, je leur explique que si leur mental n’est pas à 100% (doutes, fatigue, tracas personnels qui les envahissent), il.elle.s ne peuvent pas demander 100% de résultats à leur corps.

Soyons clair : en 2020 en France la psychologie est encore dénigrée, moquée voire niée car pour certains elle est synonyme de faiblesse (même si c’est la première appelée face à un drame pour créer une « cellule psychologique de crise »).

Quand on voit les résultats de la préparation mentale on comprend pourquoi la psychologie tient une importance aussi grande. Dans le sport elle a toute sa place, même si son nom est « masqué » : Préparation mentale, le « Mental », l’Hypnose, la Sophrologie, la visualisation, la relaxation etc. Tout cela repose sur notre psychisme et sa relation avec notre corps et notre performance.

Mais Comment ? Comment le psychisme impacte-t-il la performance sportive ? Comment des encouragements nous aident à nous surpasser ? Pourquoi soutenir une cause humanitaire nous aide-t-il à augmenter nos performances ? En somme, comment le Mental (la psychologie) améliore la performance sportive ?

 

L’influence des mots sur le cerveau

Le corps peut-il réagir différemment en fonction des mots que l’on prononce, ou de ce que l’on nous dit ? La réponse est évidemment « Oui » : on ne réagit pas de la même manière selon qu’on nous encourage ou que l’on nous rabaisse. On l’a tous vécu. Mais pourquoi ? Que se passe-t-il dans le corps ?

Un mot est immatériel, le corps est matériel : comment interagissent-ils ? Des recherches ont été menées sur le cerveau et sur son adaptation à l’innovation. Il se trouve que lorsqu’une personne nous blesse en nous frappant, et lorsqu’une personne nous blesse en nous disant un mot humiliant, c’est la même zone du cerveau qui est stimulée : c’est le phénomène de « recyclage neuronal ».

D’ailleurs on utilise le même mot pour parler de ces douleurs : on est blessé, physiquement et psychologiquement ; ce que tu dis me « touche », me « blesse », me « heurte » et « me fait du mal ». Donc dans ce cas le cerveau ne fait (en partie) pas la différence entre l’imaginaire (ce que l’on nous dit ou que l’on se répète à soi-même) et le réel (ce qui se passe dans le « dur » de la réalité comme lorsque l’on prend un coup).

« A performances physiques égales, c’est la performance mentale qui fera la différence. »

 

Les neurones miroirs

Une autre interface entre les pensées (immatérielles) et la performance du corps (matériel) sont les neurones miroirs. Ces neurones, dans notre cerveau, reproduisent en pensée (inconsciente) ce que l’on voit en face de nous, ou qu’on visualise dans nos pensées (éveillé ou endormi).

Quand vous regardez un.e collègue faire du sport, votre cerveau reproduit ses actes. Mais ce n’est pas tout : votre cerveau va stimuler les nerfs correspondant à ces gestes. Et ce n’est pas tout ! Il semblerait que cela active aussi, même faiblement, les muscles qui correspondent ! Regarder une performance sportive (c’est immatériel) nous la fait réaliser dans notre corps (c’est physique).

 

Un dernier lien corps-esprit : les émotions

Une dernière explication sur la manière dont le psychique influence le physique. Comment une image mentale, une visualisation, une pensée, un souvenir, peut modifier notre corps ? Comment quelque chose d’immatériel comme une pensée peut affecter le corps qui, lui, est bien matériel.

Dans le cadre des études scientifiques menées sur les liens entre la douleur et les émotions, les résultats semblent montrer que les tensions musculaires et la sensation de la douleur sont augmentées par les émotions négatives ce qui conduit à un cercle vicieux : plus on est mal, plus on a mal.

Au contraire, les émotions positives diminuent la sensation de la douleur et les tensions musculaires. Juste avant une compétition, les sportifs recherchent le calme et l’apaisement : ils sont dans un cercle vertueux, à savoir « plus je me détends plus cela m’aide à me détendre ».

A mes yeux, le mental est la pierre angulaire de la performance sportive. Cet extrait du poète Khalil Gibran (Dans le livre Le prophète) illustre bien cet article : « On vous a dit que, à l’image d’une chaîne, vous êtes aussi faibles que le plus faible de vos maillons. Ce n’est que la moitié de la vérité. Vous avez aussi la force du plus fort de vos maillons. ». Le mental peut aussi bien être une faiblesse qu’une force déterminante dans vos résultats sportifs. A performances physiques égales, c’est la performance mentale qui fera la différence.

 

Tribune signée Emmanuel Piquemal, ostéopathe (spécialisé en périnatalité).

En complément, retrouvez l’interview de Fanny Gibert sur la question du mental dans sa performance. 

Aurélie Bresson
12.03.2020

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