Titrée sur la scène européenne et mondiale avec les Bleues, la handballeuse Estelle Nze-Minko est une créatrice dans l’âme. Sur et en dehors des terrains. Pour les Sportives, la virevoltante arrière de 28 ans, qui évolue au sein du prestigieux club hongrois Gyor Audi Eto, évoque la façon dont elle promeut les femmes qui entreprennent.
« J’ai toujours été considérée comme une joueuse « atypique ». Ce terme, que j’ai mis du temps à prendre comme un compliment, s’applique à mes aptitudes de sportive comme à mon état d’esprit de femme. J’ai presque toujours combiné ma carrière avec des projets, passions, hobbies. Les études (Bachelor communication et médias), la musique, les voyages, des défis au quotidien…L’entrepreneuriat était finalement presque une évidence.
Il y a deux ans, j’étais justement à cours de projets. Je ressentais le besoin fort d’investir mon temps dans un projet qui me ressemblait. Je jouais en Hongrie depuis déjà deux saisons, j’avais un planning bien rodé, un club super, des amies à proximité… Un train de vie stable et une enveloppe de temps confortable au quotidien.
Alors, comment ?
A cette époque, quelques joueuses proches de moi et plus expérimentées commençaient à préparer leur reconversion, à s’investir dans des projets annexes. Elles travaillaient avec une agence de conseils qui s’intéresse aux sportifs de haut niveau: Mounet et Chiffoleau. J’ai établi un premier contact avec eux, le feeling est passé. Nous avons commencé à travailler ensemble, ce qui est toujours le cas, et c’est à ce moment que The V box est né.
Pourquoi The V box ?
J’avais 18 ans quand une amie m’a offert un abonnement à une box beauté : j’ai adoré le concept ! Tous les mois, je recevais une boîte adorable avec des cadeaux à l’intérieur. C’était mon moment. Je testais tous les produits, j’en offrais à mes amies… Puis le marché des box s’est développé. Mon identité aussi. J’ai commencé à m’indigner que toutes les box « féminines » soient essentiellement beauté, make up, ou bijoux. Je ne trouvais pas la box qui ressemblait à la femme que j’étais devenue.
J’étais persuadée qu’au-delà de la dimension consommation de produits, le concept avait un potentiel d’humanité et de valeurs. Je me suis donc lancée le défi de créer une box pour les femmes qui me ressemblent.
Pourquoi promouvoir l’entrepreneuriat féminin ?
J’ai toujours été fascinée par les entrepreneuses. Dans mon imaginaire, elles représentent des sortes de super-héroïnes qui plaquent tout, sortent de leur zone de confort pour défendre un produit, une marque, une initiative. Depuis longtemps, je suivais sur les réseaux des nanas avec des projets que je trouvais géniaux, inventifs, originaux, éthiques et engagés.
J’avais donc des références de femmes que j’admirais, un coup de cœur pour les box, une identité féministe grandissante. Et mon expérience de sportive ayant croisé le chemin d’un nombre inconsidérable de femmes en manque de confiance en elles et de modèles à qui s’identifier. A partir de là, l’idée s’est imposée : je voulais proposer une box d’un nouveau genre, avec des produits variés, créée par des femmes charismatiques qui pourraient en inspirer d’autres. Et surtout rajouter la dimension humaine, en mettant en avant mes collaboratrices autant que leurs produits.
Outro
La première étape de construction des box est toujours la recherche des entrepreneuses. Je suis persuadée que la valeur d’un produit est directement lié aux valeurs humaines de sa créatrice.
Aujourd’hui, j’ai sortie 2 box, collaboré avec 10 femmes en or, fait des rencontres enrichissantes, prouvé qu’un produit de qualité n’est pas forcément un produit de grande marque, découvert et fait découvrir des projets engagés, responsables, éthiques…
The V Box ne va pas révolutionner ni la cause féminine, ni l’entrepreneuriat féminin. Mais j’en suis fière, parce qu’à son échelle, il me permet de véhiculer les valeurs qui me sont chères. Entrepreneuriat ou pas, chacun(e) d’entre nous à l’opportunité dans son quotidien de mettre en place et de s’investir pour les causes qui nous tiennent à cœur. Je suis convaincue que chaque petite action à son rôle, pour les autres, et pour soi-même.
Confinement
Le confinement a été une période précieuse car il m’a permis de repenser différents aspects au calme, avec du temps. J’ai énormément travaillé le message, fait le tri dans mes idées pour expliquer au mieux le coeur du projet.
J’ai refait mon site internet, travaillé le référencement, préparé de nouvelles box, contacté de nombreuses entrepreneuses. J’ai pris le temps de m’entourer, de me former, de trouver un rythme dans les différents secteurs d’activités. Cela m’a ouvert à des nouvelles pistes de réflexion, de nouvelles idées et d’autres à oublier. J’ai surtout réussi à m’organiser entre le sport, le travail et le temps pour moi. Un rythme qui m’a permis d’être calme, sereine, efficace, et que je compte bien conserver post-confinement.
Tribune signée par Estelle Nze Minko, handballeuse professionnelle et entrepreneuse.
Copyright photo : Stéphane Pillaud
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