Sarah HANFFOU, Avocate, Présidente de Ping Sans Frontières, Membre du Conseil d’administration du Think tank Sport et Citoyenneté
TRIBUNE. Cela est une lapalissade que d’affirmer que la période que nous vivons est inouïe et déstabilisante.
L’heure est bien évidemment à l’unité nationale et au strict respect des mesures prises afin de lutter contre le COVID 19.
L’engagement des professionnels de santé est remarquable et suscite de l’admiration. Très vraisemblablement, lorsque cette difficile période sera passée, nous serons tous changés d’une manière ou d’une autre. C’est une véritable épreuve collective et individuelle.
Au demeurant, un certain nombre de sujets faisaient débat avant la pandémie, et j’espère sincèrement que ces sujets ne seront pas passés sous silence le moment venu.
En tant qu’avocate et sportive de haut niveau, il y a deux sujets qui m’interpellent particulièrement : la réforme des retraites et les violences sexuelles dans le milieu sportif.
C’est sur second point que j’aimerais formuler une proposition.
L’arsenal juridique est aujourd’hui assez complet en ce qui concerne la répression des violences sexuelles. Le but est bien sûr que les agresseurs soient sévèrement condamnés et que les victimes obtiennent une forme de réparation et un accompagnement.
Toutefois, la répression n’est pas suffisante. La seule bonne solution serait d’endiguer ces violences. Il est donc nécessaire de mettre en place des actions de prévention afin d’empêcher les violences sexuelles : prévention auprès des membres dirigeants des clubs, des entraîneurs mais également des adhérents et tout particulièrement des jeunes sportifs.
La Ministre des Sports Roxana Maracineanu a d’ores et déjà annoncé le déploiement de nombreuses mesures : contrôle d’honorabilité des bénévoles et dirigeants, formation obligatoire pour les éducateurs sportifs et plan de préventions spécifiques.
Néanmoins, des mesures plus contraignantes pourraient également être fixées. Ainsi naîtrait une réelle politique / culture de prévention des violences sexuelles au sein des clubs.
Aussi, on sait que l’État ou l’organisme accordant la subvention décide de l’objet, du montant et des modalités d’octroi des subventions. De plus, l’autorité administrative peut récupérer l’aide versée lorsque les conditions initiales qui ont été définies précisément n’ont pas été respectées. Nous pourrions ainsi proposer de conditionner l’octroi des subventions publiques aux clubs sportifs à la mise en place effective d’actions de prévention auprès des jeunes des clubs, et à la formation des entraîneurs et cadres dirigeants. Des contrôles devront être réalisés, et les aides accordées retirées en cas de non-respect de ces conditions. Enfin, il conviendrait de décomposer le versement des subventions en tenant compte de la mise en place effective des mesures susmentionnées, un pourcentage de la subvention serait versé après réception et vérification des justificatifs fournis par le club sportif.
par Sarah HANFFOU, Avocate, Présidente de Ping Sans Frontières, Membre du Conseil d’administration du Think tank Sport et Citoyenneté
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