Tribunes

Tribune I Claire Smagghe : « Le projet de l’extrême droite est incompatible avec l’émancipation des femmes »

Claire Smagghe
28.06.2024

A l’heure où la France est dans un tournant crucial de son histoire, les citoyens et citoyennes doivent miser sur un message d’inclusivité et d’égalité. Et ne pas se replier sur eux-mêmes. Car à ce jeu joué par l’extrême droite, les femmes seront à nouveau les premières perdantes dans le combat de l’émancipation

« Il suffira d’une crise politique, économique et religieuse, pour que les droits des femmes, nos droits, soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez demeurer vigilante », assurait Simone de Beauvoir. A quelques heures d’un scrutin qui pourrait, pour la première fois en France, porter l’extrême droite au pouvoir, cet extrait de l’échange avec Claudine Monteil n’a peut-être jamais eu autant de sens. Dans un élan d’inquiétude face au danger que représente le programme porté par l’extrême droite, plus de 200 associations se sont réunies ce dimanche 23 juin. Il faut dire que le tableau proposé est sombre. Partout où l’extrême droite s’est emparée des rênes d’un état, les droits des femmes ont régressé. En Espagne, le parti d’extrême droite Vox condamne l’existence des violences à l’égard des femmes. Pendant les huit années de pouvoir du PiS, la Pologne a complétement écrasé les progrès acquis par la lutte de celles qui se sont battues pour leurs droits en interdisant quasi-totalement l’avortement. Plus récemment, lors du G7, le droit à l’avortement a été évincé des nouveaux engagements. En cause, l’opposition de l’Italie de Giorgia Meloni. Estelle Nze Minko, qui s’est livrée sur son expérience personnelle en Hongrie et son impossibilité d’avorter dans le pays dans lequel elle évolue, nous rappelle très concrètement que toutes ces années de luttes pour davantage de droit peuvent être balayées d’un revers par cette classe politique hostile à l’émancipation de la femme.

 

La dissolution de l’Assemblée Nationale a été un choc. Abasourdie, je me suis demandée qu’elle serait notre lendemain, notre future en tant que femme. Cette tribune est une réponse, à la fois à mes propres angoisses mais aussi à notre mission de journaliste. Nous avons une responsabilité pour parler de celles et ceux qui sont vulnérables. Les femmes en faisant encore malheureusement partie. Quand certains, sous l’emprise de l’empire Bolloré, ont bafoué le devoir de neutralité en sortant le tapis rouge pour porter l’extrême droite sur le devant de la scène, il m’a semblé indispensable de porter ce message. Celui d’une France inclusive, égalitaire et porteuse d’espoir, pour mettre de côté la haine et la répression comme réponse à toute difficulté. Mystifier la délinquance et l’étranger est, au fond, une réponse on ne peut plus classique d’un mouvement populiste.

L’appel de Jordan Bardella lancé aux femmes le lundi 17 juin dernier via son compte X sous le slogan : « Femmes de France, le 30 juin et le 7 juillet vous voterez aussi pour vos droits. Je compte sur vous, votez ! », ne doit pas effacer une longue tradition d’hostilité aux droits des femmes. Opposés à l’idée que les femmes puissent gagner dignement leur vie, les camarades de Jordan Bardella ont voté, en 2022, contre le salaire minimum européen. Cette mesure concernant en grande majorité des femmes, les plus nombreuses parmi les précaires. Plus récemment, en mai 2023, ce même parti s’est abstenu à propos de la directive européenne sur la transparence et l’égalité des rémunérations qui devait conduire à une égalité de salaires entre femmes et hommes lorsqu’un travail identique est réalisé. Pire encore, lorsqu’il s’agit d’évoquer les violences faites aux femmes, le parti d’extrême droite rattache systématiquement ces horreurs à l’étranger. Pourtant, les études montrent que l’ensemble des travaux réalisés prouvent que ces violences ont lieu essentiellement dans la sphère intra familiale. Non sens.

Le sport est fédérateur, il rassemble. Le projet de l’extrême droite est incompatible l’émancipation de la femme. Le combat mené depuis tant d’année pour une meilleure médiatisation de la sportive, pour une égalité de genre dans le mouvement sportif mais aussi pour une lutte contre les violences sexuelles dans le sport sont-ils vains ? Dimanche, votons. Portons un message d’inclusivité contre celles et ceux qui voudraient nous faire croire que l’étranger est la cause de tous nos maux.

Tribune écrite par Claire Smagghe

Claire Smagghe
28.06.2024

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